Ceux qui n’ont vu dans la récente vague de violences urbaines, qui a secoué la France, qu’une énième émeute de banlieues souffrent d’une myopie socio-politique aiguë. Certes, l’étincelle qui fut le point de départ de ces violences n’est pas sans rappeler de précédentes émeutes éclatées à la suite de bavures policières ayant coûté la vie à des jeunes de banlieues, comme ce fut le cas en octobre 2005, après le mort de Zyad et Bouna à Clichy-sous-Bois. Mais, à la différence des émeutes de 2005, les récentes violences urbaines ne peuvent être imputées aux seules banlieues.
Les réseaux sociaux ont, certes, facilité la communication et le partage d’informations entre les jeunes des cités durant la dernière explosion de violence. D’où la propagation rapide des actes de destruction et de pillage à travers toute la France. Mais, la mort de Nahel n’était qu’un prétexte pour régler son compte à cette société française, accusée d’être responsable de tous les maux dont souffre la jeunesse issue de l’immigration. Des messages haineux contre la société d’accueil circulaient déjà, depuis belle lurette, sur la toile. Et sur Facebook, Telegram, TikTok ou Twitter, des islamistes et d’autres groupes extrémistes s’appliquent, jour et nuit, à instrumentaliser ces réseaux de la discorde à des fins de propagande et de recrutement ou pour inciter des mineurs ou des jeunes adultes à casser, piller et incendier tous les symboles de la République.
Professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers, auteur de multiples ouvrages sur les francs-maçons, la criminalité et le terrorisme, consulté par les politiques de gauche comme de droite, en France et aux États-Unis, sur toutes les questions de sécurité, Alain Bauer est un acteur incontournable de la lutte contre la déstabilisation des sociétés.
Selon le ministère français de l’Intérieur, 357 affrontements entre bandes avaient été recensés en 2020, en hausse de près de 25 % par rapport aux 288 enregistrés en 2019. En mars 2020, le gouvernement avait décrété la mobilisation générale contre les rixes entre jeunes, après plusieurs bagarres mortelles, notamment en Ile-de-France. Une urgence : toutes les 44 secondes, selon une enquête de l’Insee, une violence gratuite est commise. Une plainte est déposée toutes les deux minutes !