L’épisode caniculaire qui traverse la France accentue les tensions dans les établissements hospitaliers. Mais la vague de chaleur n’est qu’un facteur aggravant d’une crise qui n’a cessé de s’envenimer, notamment depuis la pandémie du Covid-19, et qui met l’hôpital au bord de l’agonie : en Ile-de-France, 16 % des lits des 38 hôpitaux de l’AP-HP sont fermés par manque de personnel, c’est-à-dire deux fois plus qu’avant le Covid ! L’engorgement des CHU est symptomatique de la crise globale du système de santé : à cause de la désertification médicale, faute de médecins traitants ou de spécialistes, beaucoup de Français se rabattent sur les urgences, qui saturent. Des généralistes aux urgentistes, en passant par les infirmières des EHPAD et même jusqu’aux cadres de santé, tout le monde est au bord de la crise de nerfs.
Pendant six mois, le réalisateur Éric Guéret a filmé le quotidien de jeunes internes en médecine au service des urgences de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis, en banlieue parisienne. Le résultat est un documentaire touchant et ambitieux, Premières Urgences (sorti en salles de cinéma le 16 novembre). Alors que les patients s’accumulent dans les couloirs, les cinq internes (Amin, Evan, Hélène, Lucie et Mélissa) font de leur mieux, avec courage et abnégation, malgré un criant manque de moyens.