L’imam Mohamed Toujgani est affilié au Conseil des théologiens de Belgique, organisation très opaque, proche de l’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB). Les autres organisations musulmanes de Belgique reprochent aux membres de cet exécutif d’être cooptés « de manière népotique ». Son bureau est actuellement présidé par l’imam Tahar Toujgani, cousin de Mohamed, également à la tête du Conseil européen des oulémas marocains.
L’imam de la célèbre mosquée al-Khalil de Molenbeek, Mohamed Toujgani est désormais interdit le séjour sur le sol belge, pour une durée de 10 ans. Il se trouvait en vacances au Maroc, lors de l’annonce officielle lui interdisant de refouler le sol belge.
La presse locale a largement relayé le bras de fer qui l’a opposé au secrétaire d’État belge à l’Asile et à la Migration, Sammy Mahdi, qui a initiée la procédure de bannissement de l’imam molenbeekois, suite à un rapport de la Sureté de l’État belge le qualifiant de « un danger pour la sécurité nationale ».
La problématique de l’organisation du culte musulman en Europe n’est pas nouvelle. Elle est liée à de nombreux aspects, à la fois culturels, nationaux et linguistiques. Depuis la fin des années 1980, les pouvoirs publics de plusieurs pays européens exhortent les responsables musulmans à gérer leur culte. Mais les institutions destinées à organiser le culte musulman demeurent instables et peu représentatives.
Ce rapport de la Sûreté de l’État belge a été élaboré dans le cadre de l’« affaire Ihsane Haouach », cette militante associative voilée, nommée en mai dernier commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité des hommes et des femmes, puis contrainte à la démission quelques semaines plus tard, suite à la révélation de « ses contacts étroits avec les Frères musulmans ».
Le rapport fustige l’entrisme pratiqué par les Frères musulmans, en vue de « peser sur le débat public et l’élaboration de la politique (gouvernementale ou locale) » et met en garde contre la ‘‘doctrine de dissimulation’’ des Frères musulmans « par laquelle ils s’accordent une certaine flexibilité par rapport à certains prescrits islamiques orthodoxes, adaptent leur discours à leur public et dissimulent leurs véritables intentions et convictions ».
Et de conclure que les Frères musulmans « cultivent une image publique de musulmans européens bien intégrés, modérés et (relativement) progressistes », mais « visent sur le long terme l’islamisation progressive de la société européenne dans toutes ses composantes ».