En janvier 2020, la justice libanaise demandait l’aide judiciaire de la Suisse concernant des transferts d’argent « suspects ». En janvier 2021, c’est au tour de la justice suisse de s’adresser au Liban concernant un éventuel détournement de fonds « au détriment de la Banque centrale du Liban ».
Les Français devraient être fiers. Ce sont leurs valeurs – laïcité, citoyenneté, égalité- que l’on brandit aujourd’hui dans des pays meurtris et déchirés, là où on ne l’attendait pas. Au Liban, des foules immenses, jeunes, chamarrées, unies au delà de leurs différences, exigent qu’on en finisse avec le vieux système confessionnel. Nés après la guerre civile, hostiles à l’instrumentalisation de leur minuscule pays par des puissances rivales et prédatrices, l’Arabie Saoudite et l’Iran, les manifestants réinventent au Levant le beau mot de patrie. Le Hezbollah, contesté pour la première fois dans ses fiefs, envoie en vain ses miliciens écraser le mouvement.
Alors que le pays, dont la dette publique atteint 166% du PIB, risque à tout moment un défaut de paiement, l’argent des nantis libanais s’évapore du côté des lacs Léman et de Zurich. Une commission rogatoire internationale a été adressée à la Suisse.
Personne ne pouvait prédire la nouvelle insurrection libanaise. La colère contre une nouvelle taxe s’est transformée en contestation générale du vieux système de castes géré par les grandes familles confessionnelles, sur la toile de fond d’une vaste crise économique.