J’ai passé dix jours en Israël, avec le grand photographe Nadav Neuhaus. Nous y avons rencontré des témoins directs du 7 octobre, mais aussi d’ex-otages détenus à Gaza. Nous avons également visionné des images tournées le jour de la tragédie, et jamais diffusées. Tout, absolument tout, se recoupe pour pouvoir affirmer à quel point le Hamas s’est livré aux pires exactions.
La classe politique belge se caractérise peut-être davantage que toute autre en Europe par son déni de ce qui se passe actuellement au Proche-Orient. C’est particulièrement vrai depuis le pogrom du 7 octobre, qui semble émouvoir nettement moins que la riposte enclenchée depuis par Israël. Ainsi, ces dernières semaines, les propos affligeants et révoltants se succèdent. En voici un florilège :
La banque israélienne Hapoalim a évalué à 27 milliards de shekels (6,5 milliards d’euros) le coût de l’opération militaire en cours contre le Hamas. Soit l’équivalent de 1,3 % du PIB d’Israël en 2022. D’autres sources considèrent ce montant sous-estimé : il faudra au moins le double au regard des dégâts causés, de la reconstruction, des indemnisations et aides aux populations les plus fragiles.
Parmi les incendiaires qui attisent le brasier du conflit Israël-Hamas en passe de dévorer le Moyen-Orient et peut-être le monde, Recep Tayyip Erdogan occupe une place majeure. Président d’une grande nation musulmane, membre de l’OTAN, et qui réclame son intégration à l’espace européen, il s’est fendu d’une proclamation fracassante et sinistre. Le 26 octobre dernier, à trois jours du centenaire de la République fondée par Atatürk, Erdogan a déclaré devant le Parlement de son pays : « Le Hamas n’est pas un groupe terroriste, c’est un groupe de libérateurs qui protègent leur terre ! ».
Entourée par des pays de l’Union européenne qui considèrent l’organisation islamiste palestinienne comme terroriste, la Suisse continue à ne pas appliquer de sanctions au Hamas, ni à interdire son territoire à ses dirigeants. Mais depuis les attaques du 7 octobre dernier, le Conseil fédéral (gouvernement) a décidé de se faire violence et à utiliser le mot ‘‘terrorisme’’ pour désigner les Frères musulmans palestiniens. Il a aussi annoncé qu’il allait procéder à « une analyse détaillée des flux financiers » en direction du Proche-Orient, une façon bien suisse de dire que le gouvernement entend contrôler les sources de financement du Hamas.
Outre ses roquettes de fabrication artisanale, le Hamas reçoit, depuis deux ans, des roquettes iraniennes Fajr-5 d’une portée de 75 kilomètres. L’Iran l’approvisionne aussi en missiles antichars russes Kornet. Certains missiles de ce même type auraient également été acquis en Libye.
La main de l’Iran est clairement derrière les attentats terroristes du Hamas qui ont frappé Israël, le 7 octobre dernier. Au-delà des clivages traditionnels Sunnites-Chiites, les Mollahs iraniens et le mouvement islamiste palestinien ont un point commun : l’organisation des Frères musulmans et sa doctrine de l’islam politique. Explications.
La guerre à Gaza risque de perturber la production de gaz naturel en Méditerranée orientale. Cela porterait un coup terrible aux ambitions d’Israël et de l’Égypte de devenir une plaque tournante pour l’approvisionnement de l’Europe en GNL, au moment où l’UE cherche des alternatives au gaz russe.
Quoi qu’ils commettent d’atrocités barbares contre Israël, les djihadistes palestiniens de Hamas restent des héros aux yeux de la rue arabo-islamique. Ainsi terroristes fanatisés et ensauvagés sont vus comme une armée de libération de la Palestine par une majorité des opinions du monde arabe. Ils sont perçus comme des soldats qui « combattent dans le sentier d’Allah : ils tuent, et ils se font tuer », parce qu’« Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis » (Coran, Verset 111 de la sourate At-Tawbah).
Victimes d’une lecture irrationnelle de la réalité, l’écrasante majorité des populations arabes s’imaginent être encerclées par des Juifs et leurs complices athées qui ne cessent de comploter contre l’Oumma, la nation de l’islam. Ce qui les plonge dans une véritable paranoïa !
Après les torrents de haine et de barbarie qui se sont déversés sur Israël, et la riposte sanglante de Tsahal qui a fait plusieurs milliers de victimes civiles à Gaza, peut-on, doit-on, imaginer une quelconque issue au conflit actuel autre que la destruction du Hamas ? C’est-à-dire l’anéantissement total de ses structures militaires et le démantèlement du diktat politico-religieux qu’il a installé à Gaza.
Comme nous l’écrivions dans ces colonnes, dès le lendemain des attaques du 7 octobre dernier (Ecran de Veille, n° 38, Octobre 2023), la mise hors d’état de nuire du Hamas est impérieuse, non seulement pour la sécurité d’Israël, mais aussi pour l’honneur de la juste cause du peuple palestinien souillée par les crimes sanguinaires du Hamas.