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Islam : une obsession (électorale) française

5 mai 2022 News   1109  

Dans la campagne électorale des législatives, comme lors de la présidentielle, les questions polémiques liées à l’islam (voile, burkini, édification de mosquées…) hystérisent le débat politique. Pis encore, tel un arbre qui cache la forêt, elles éclipsent les véritables problématiques relatives à la lutte contre l’islamisme et le communautarisme…

1- Une surexposition qui irrite et enflamme les esprits

Notre sondage montre que 57% des Français jugent la visibilité de l’islam trop importante (contre 8% qui ne la trouvent pas assez importante et 35% ni trop ni pas assez importante). Cette surexposition politique et médiatique de l’islam irrite les Français de confession ou de culture islamique et enflamme les esprits dans l’ensemble de l’opinion. Cela se traduit par un net clivage bipolaire : 29% des Français trouvent que dans la campagne électorale actuelle, les personnalités politiques ne parlent pas assez de l’islam, alors que 27% jugent, au contraire, qu’elles en parlent trop !

L’irritation que provoque cette surexposition chez les Français de confession ou de culture musulmane s’illustre par une majorité de 62% jugeant que les personnalités politiques parlent trop de l’islam. Par contre, dans l’ensemble de l’opinion, on observe deux tendances antagonistes. Une majorité des catégories de Français marquées par le conservatisme et le repli identitaire considère que les personnalités politiques n’évoquent pas assez les questions liées à l’islam (35% des catholiques sont de cet avis, contre 21% qui trouvent qu’on parle trop de l’islam). Par contre, chez les catégories de Français se définissant comme athées ou sans religion, la tendance s’inverse : la majorité juge qu’on parle trop d’islam (33%), contre 21% qui considèrent qu’on n’en parle pas assez.

2- L’intégration est en panne, mais la présence musulmane se banalise !

À la question de savoir si les musulmans et les personnes d’origine musulmane sont bien intégrés dans la société française, la réponse est sans équivoque : 59% d’avis négatifs. Pis encore, 30% des musulmans eux-mêmes partagent cet avis défavorable concernant l’intégration de leur coreligionnaires !

Ce regard négatif sur l’aptitude des Français d’origine musulmane à s’intégrer est contrebalancé par une ‘‘banalisation’’ de la présence d’une communauté musulmane en France : Certes, 38% y voient une menace pour l’identité du pays, contre 22% qui pensent, au contraire, qu’il s’agit d’un facteur d’enrichissement culturel. Mais, la tendance majoritaire est à la banalisation de cette présence musulmane. Ainsi, 40% considèrent qu’elle ne représente ni une menace ni un facteur d’enrichissement.

Cette tendance à l’indifférence est à prendre comme un signe évolutif sur le chemin de l’acceptation de la présence musulmane. Car, dans 3 précédents sondages (2010, 2012, 2015), en réponse à la même question, la perception de la présence d’une communauté musulmane en France comme une menace était la tendance majoritaire : cette vision hostile à la présence musulmane était partagée par 42% des Français en décembre 2010 (sondage Ifop pour Le Monde) ; 43% en octobre 2012 (Ifop pour Le Figaro) ; et 40% en janvier 2015 (Ifop pour Atlantico).

3-  Islamophobie, mon œil !

Ce titre, emprunté au livre de Djemila Benhabib, est la meilleure réponse au procès en islamophobie, instrumentalisé par les islamistes, qui vise à dépeindre la France comme un pays hostile à l’islam et raciste à l’encontre des musulmans.

À la question ‘‘diriez-vous que la société française est suffisamment ouverte et accueillante vis-à-vis des musulmans ?’’, 70% des Français répondent par l’affirmative. Une tendance stable, puisque 69% des Français étaient déjà de cet avis en octobre 2012 (sondage Ifop pour Le Figaro).

Par ailleurs, à la question ‘‘de manière générale, que vous inspire la religion musulmane ?’’, seuls 44% expriment de l’inquiétude, alors que ce sentiment atteint 73% quand les Français sont interrogés sur l’islamisme (voir notre sondage ‘‘Islam, islamisme, communautarisme : ce qu’en pensent les Français’’ / Ecran de Veille n°20/21, mars-avril 2022). Preuve, s’il en faut, que les Français ne confondent pas (plus ?) islam et islamisme et ne font pas l’amalgame entre les islamistes et l’ensemble des musulmans.

4- Islam de France : les questions qui fâchent

Depuis l’éclatement de la toute première ‘‘affaire du voile’’, dans un collège à Creil, en septembre 1989, la question du voile islamique constitue le sujet de discorde principal de l’islam de France. À cela s’est ajoutée, au milieu des années 1990, la question épineuse de l’édification des mosquées, en raison notamment des financements étrangers et de la mainmise des mouvements islamistes (Frères musulmans, salafistes, Tabligh, Milli Görüs turcs…) sur des mosquées dites ‘‘radicales’’, instrumentalisées pour propager des discours islamistes incitant à la haine et la violence.

L’opposition à l’édification de mosquées a connu un pic à 38% en 1989, dans le sillage de l’affaire du voile. Elle a ensuite connu une baisse à 31% en 1994 et 22% en 2003. Avant de repartir à la hausse, dans le contexte de la loi interdisant les signes religieux à l’école, qui a donné naissance à de nouvelles affaires du voile (2003-2004). L’opposition à l’édification de mosquées a alors atteint 39% en 2010, puis 43% en 2012. Puis, cette hausse s’est considérablement accentuée depuis 2019, pour atteindre 51% en 2022. Et ce suite aux révélations du livre-enquête ‘‘Qatar Papers’’ de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, sur les financements qataris octroyés à des mosquées radicales contrôlées pas les Frères musulmans.

Concernant le voile islamique, son interdiction dans les écoles publiques a toujours été soutenue par plus des deux tiers de l’opinion : l’opposition au port du voile à l’école était de 75% en 1989, elle est de 74% en 2022. Avec, au passage des pics à 90% en 2010 et 89% en 2012, en raison des polémiques sur le voile intégral (Burqa) et la participation des mères voilées à l’accompagnement des élèves lors des sorties scolaires.

Or, s’il y a unanimité sur l’interdiction du port du voile (comme tout autre signe religieux) à l’école, pour faire respecter le principe de laïcité, son interdiction dans la rue (donc dans l’espace public) a longtemps été une revendication marginale qui n’est soutenue que par la droite identitaire et l’extrême droite (31% en 1989 ; 34% en 1994 ; 32% en 2003). Elle n’est devenue majoritaire dans l’opinion qu’à partir de 2010, suite aux crispations sarkozystes amalgamant immigration et identité nationale. Depuis, elle est soutenue par 59% des Français en 2010, 63% en 2012 et 57% en 2022.

Remise au goût du jour par Marine Le Pen, lors du débat présidentiel du 20 avril 2022, la constitutionnalité de l’interdiction du port du voile dans la rue ne fait pas l’unanimité : une telle interdiction ne saurait être motivée par le principe de laïcité non applicable à l’espace public. Instrumentalisée à des fins électoralistes, elle contribue, par un effet pervers, à apporter de l’eau aux moulins des machinations islamistes destinées à accuser la France d’islamophobie.