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Terrorisme islamiste : Les clés de la haine anti-française

25 avril 2021 Expertises   33641  

Martine Gozlan

« Qu’Allah maudisse la France ! » titrait le magazine francophone de l’Etat islamique, Dar al Islam, quelques semaines après le massacre à Charlie-Hebdo et à l’Hyper-casher. Ces mots, toujours les mêmes, saturent l’atmosphère dans les manifestations de la haine anti-française qui se déchainent régulièrement, sur n’importe quel motif, dans le monde islamique. Les djihadistes ont massacré en France parce que la France incarne la résistance majeure à leur barbarie.

On découvre que les émules des criminels sont chaque jour plus nombreux, tandis que les idiots utiles du nouveau totalitarisme déroulent le tapis rouge devant les gourous des futurs bourreaux grimés en victimes. Pour la même raison, leurs « frères », du Golfe à l’Océan,  appellent à expulser les diplomates et boycotter les intérêts de cet ilôt blasphémateur : la France, avec son histoire, son tempérament, sa laïcité. La France, « conscience contre violence », pour reprendre le titre du superbe et terrible ouvrage de Stefan Zweig sur le fanatisme, écrit en 1936.

La France, avec son aptitude à l’assimilation – un mot louche, paraît-il aujourd’hui – voire à l’intégration. Mais certainement pas à « l’inclusion », ce concept anglo-saxon dont se gargarisent les sociologues islamisto-compatibles. Longtemps, les Français, se souvenant des années noires vécues par leurs parents, ont trouvé en effet odieux de demander au voisin, au collègue, au copain : « T’es qui, toi ? D’où tu viens? ». Ils étaient un tout, suffisamment fort pour ne pas en faire des tonnes identitaires. Etre Français tombait sous le sens, le bon sens. Le mot « Racine » évoquait l’auteur de Phèdre, non cette botanique souterraine, parfois hautement toxique, que les  passions religieuses déterrent avec les cadavres. Bien sûr, chacun  avait en héritage, à la maison, des sourires et des larmes à l’accent différent, mais tous se souvenaient  d’avoir appris à l’école les mêmes comptines. Sur la plus haute branche, un rossignol chantait pour tous les enfants.

Ce Tout chantant, c’est fou. C’est unique, laïque, seul au monde. Car l’apprentissage du présent commun protège de ce qui griffe les différents passés antérieurs. Il vaut donc pour chaque enfant issu de la plus importante population musulmane d’Europe.

Est-ce français ou universel ? Paris a réussi, voici plus d’un siècle, avec sa loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, à maitriser les pulsions, à contenir la dangereuse vibration du sacré.

Quel enjeu ! Au fur et à mesure que passent les générations, ce défi d’une citoyenneté dégagée de toute référence au sacré et forte de sa seule liberté, devient intolérable aux islamistes. Ce défi est né, vit, et vivra au pays des questions, dans la nation rebelle qui ne croit pas qu’au ciel. D’où l’assaut des venimeuses idéologies racialistes, du « woke » et  du « cancel » contre la place-forte de la pensée et de la curiosité. Le même magazine Dar al Islam écrivait après les attentats du 13 novembre 2015 : «  Parmi les plus grands piliers sur lesquels repose le système taghut ( mécréant) contemporain  figure ce qu’il nomme l’éducation obligatoire. Cette « éducation », dans le cas de la France, est un moyen de propagande servant à imposer le mode de pensée corrompu établi par la judéo-maçonnerie. Le but de cette éducation est de cultiver chez les masses l’ignorance de la vraie religion et des valeurs morales telles que l’amour de la famille, la chasteté, la pudeur,  le courage et la virilité chez les garçons […] Dans le système de la Jahiliya (l’âge de l’ignorance pré-islamique en langage coranique, ndlr) contemporaine le but est de cultiver chez l’enfant et l’adolescent les plus abjects comportements et de l’affaiblir jusqu’à ce que, enchaîné à ses plus vils instincts, il soit l’esclave des vrais maitres de l’Occident : les juifs corrupteurs […] Préservez vos familles du Feu […] Le musulman doit savoir que le système éducatif français s’est construit contre la religion en général et que l’Islam, seule religion de vérité, ne peut cohabiter avec cette laïcité fanatique. De nos jours la charte de la laïcité est enseignée à l’école. Elle stipule que « La Nation confie à l’Ecole la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République ». Ces « valeurs » ne sont pour le musulman qu’un tissu de mensonges et de mécréance qu’Allah lui a ordonné de combattre ».

La gazette du djihad offrait des « solutions » aux parents musulmans. La première était de rejoindre le Califat. Si on ne le pouvait pas, « combattre et tuer tous les corrupteurs : professeurs de l’éducation nationale qui enseignent la laïcité ».

C’était cinq ans avant l’égorgement de Samuel Paty.

* Journaliste et essayiste, rédactrice en chef à l’hebdomadaire Marianne, spécialiste de l’islamisme et du Moyen-Orient.