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Bruxelles ne veut plus de l’imam Mohamed Toujgani

20 mars 2022 News   787  

L’imam de la célèbre mosquée al-Khalil de Molenbeek, Mohamed Toujgani est désormais interdit le séjour sur le sol belge, pour une durée de 10 ans. Il se trouvait en vacances au Maroc, lors de l’annonce officielle lui interdisant de refouler le sol belge.
La presse locale a largement relayé le bras de fer qui l’a opposé au secrétaire d’État belge à l’Asile et à la Migration, Sammy Mahdi, qui a initiée la procédure de bannissement de l’imam molenbeekois, suite à un rapport de la Sureté de l’État belge le qualifiant de « un danger pour la sécurité nationale ».

Par Malika Madi

Personnalité trouble et controversée, l’imam Toujgani est accusé de diffuser des opinions mesurées en public mais nettement plus violentes dans ses cercles restreints. Et si sa méconnaissance de l’une des trois langues nationales belges fut longuement évoquée pour justifier en sus son indésirabilité dans le royaume de Belgique, c’est surtout certaines de ses ‘‘amitiés’’ qui posent problème.

Toujgani entretiendrait des contacts avec des personnalités jugées extrémistes qui, pour certaines, sont condamnées pour des actes terroristes. Plusieurs médias belges évoquent des contacts étroits avec Abou Qotada, alias Abou Omar. Ce dernier avait, en 1995, diffusé une fatwa exhortant à tuer les femmes et les enfants des militaires algériens pendant la décennie noire. Autre personnage sulfureux, dont les services secrets belges soupçonnent l’étroite amitié avec Toujgani : Mohamed Fizazi, qui figure parmi les prêcheurs les plus radicaux du Maroc. Il y a une vingtaine d’année, il fût condamné, après les attentats de Casablanca, à 30 ans de prison pour avoir influencé idéologiquement les terroristes qui avaient commis les attentats du 16 mai 2003, puis gracié par le roi Mohammed VI.

Résident belge depuis 40 ans, référent religieux de plusieurs générations de musulmans, l’imam  est originaire du Nord du Maroc où le discours islamique s’est durci, comme dans le reste du Maghreb dans les années 1970. Il a, donc, très tôt immergé dans un conservatisme religieux proche du salafo-wahhabisme, qui influença ses premières années de formation.

Dans les années 1980, quand il arrive en Belgique, toute sa rhétorique est tributaire de ce passé dans l’exercice d’une fonction pour laquelle il était encore que néophyte. Pour le dire autrement, il est l’archétype de l’imam traditionnel. Encore aujourd’hui, au Maghreb comme en Europe, en l’absence d’un magistère ou d’une autorité religieuse de référence, la simple mémorisation du texte coranique dans son intégralité suffit pour faire de tout individu un imam potentiel.

Toujgani est donc un représentant religieux autoproclamé. Et l’on peut affirmer, de sources sûres, qu’il n’a jamais été admis ni même reconnu au sein des grandes instances musulmanes et religieuses au niveau international. Il ne s’agit pas d’un érudit religieux. Dans l’histoire de la pensée musulmane, un imam influent ne s’impose que par ses productions écrites et validées par ses pairs, ce qui n’est pas son cas.

Son discours arabo-centré autour des communautés maghrébines a été accentué par ses carences linguistiques en Français et en Néerlandais. Mais, dans sa langue maternelle, Toujgani a le verbe facile. Sa mosquée al-Khalil à Molenbeek attirait jusqu’à 3000 fidèles lors des prières du vendredi. Et ses ‘’centre de formation’’ attiraient des centaines d’adultes et d’enfants. Ce qui a valu à l’imam Toujgani d’être invité à prêcher, partout en Europe, lui conférant à la fois de l’assurance et une forme de légitimité. Une aura et un charisme qui lui ont été utiles, pour gravir les échelons d’un nombre important de corporations musulmanes belges, jusqu’à la Ligue des imams de Belgique, dont il a été élu président en mai 2016.

Outres les accusations de radicalisme et de double discours, les Services belges soupçonnent l’imam Toujgani d’espionnage pour le compte de son pays d’origine. Selon des sources au sein du Renseignement belge, citées par la RTBF, le bannissement de l’imam molenbeekois serait aussi un signal envoyé aux autorités marocaines afin de « mettre un coup d’arrêt à l’ingérence de leurs services secrets sur le culte musulman en Belgique ».