Après le Suisse Tariq Ramadan, mis en cause par plusieurs plaignantes qui l’accusent de viols, Nadia Karmous et maintenant Nicolas Blancho, le Qatar fait apparemment un sérieux examen de conscience. L’émirat gazier est, en effet, contraint de se séparer de nombreuses personnalités de la mouvance frériste qui n’ont pas failli idéologiquement, mais dont l’image négative porte ombrage au pays et à son souverain.
Par Ian HamelÀ la suite de la publication de l’ouvrage Qatar Papers, de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, l’émirat gazier a mis le holà, il y a quelques semaines, à la mégalomanie de Nadia Karmous, une Suissesse d’origine algérienne, qui envisageait d’investir 20 millions d’euros dans un vaste projet immobilier, à visée communautaire, lié aux Frères musulmans, à La Chaux-de-Fonds, petite ville du Jura suisse. Elle avait pourtant déjà fait l’acquisition du terrain (voir notre enquête publiée en juillet dernier : Lire l’article).
Par ailleurs, Nadia Karmous, cet ardent soldat de la Confrérie, est à la tête d’un Musée des civilisations de l’islam, financé à hauteur d’un million d’euros grâce à la générosité de Qatar Charity, ouvert au public en 2016. Mais en raison de la situation géographique de La Chaux-de-Fonds, ce musée n’attire que très peu de visiteurs.
Cette fois, le Qatar met fin aux ambitions de Nicolas Blancho, le fondateur du Conseil Central Islamique Suisse (CCIS). Suite à des déplacements fructueux à Doha, Nicolas Blancho avait enregistré à Berne deux associations, Qoranona et Aziz Aid, dont le président est Abdukaziz Abdul Rahman al-Thani, membre de la famille princière qatarie (voir notre enquête publiée en septembre dernier : Lire l’article).
Or, nous venons d’apprendre que ces deux associations ont été radiées du Registre du commerce de Berne. Par la dissolution de ces associations, le Qatar cherche à se démarquer d’un personnage de plus en plus décrié. Il est vrai que Nicolas Blancho, dont l’association n’attire que 1 % des musulmans de Suisse (selon ses propres chiffres !), apparaît de moins en moins crédible.
La dernière controverse en la matière a été soulevée par les révélations de la presse suisse concernant l’organisation, par le CCIS, en septembre dernier, d’un week-end de survie réservé aux hommes, avec apprentissage au maniement du… couteau ! Or, ces révélations tombaient particulièrement mal, après l’assassinat à l’aide d’un couteau de quatre policiers au sein même de la préfecture de police de Paris, le 3 octobre, par Mickaël Harpon, un informaticien, converti à l’islam et radicalisé.