Au moment où les Afghanes sont privées de visage, de travail, d’école, de sortie, vouées par les Talibans à la claustration de la naissance à la mort, Éric Piolle, le maire écolo de Grenoble, s’illustre dans la défense du burkini. Un tchador des piscines qui serait islamo-compatible avec le mode de vie français. L’édile a brandi différents modèles du pieux tissu devant le Conseil d’État qui examinait le 14 juin dernier le recours déposé par la municipalité de Grenoble après la suspension du droit au burkini par le tribunal administratif.
Deux logiques s’affrontent. Pour la très mal nommée Alliance citoyenne, il n’y a rien de plus laïc et républicain que d’aller barboter sous cape grâce aux fatwas de monsieur le Maire. Lequel est soutenu, ainsi que l’Alliance, par la Ligue des droits de l’Homme, naguère mieux inspirée mais qui, cette fois, mérite bien son nom genré ! En revanche, pour la Ligue internationale des femmes, qui bataillait devant le tribunal, « cette opération burkini vise à faire la promotion de l’islamisme radical en instrumentalisant les femmes musulmanes au détriment de leur liberté et au profit de leur soumission à l’homme », comme l’a résumé son avocat, Me Frédéric Thiriez.
On ne saurait mieux définir l’atmosphère de tartufferie dans laquelle nous baignons aujourd’hui. Pour apporter de l’eau bénite supplémentaire à celle des saintes nitouches des piscines halal, on découvre que l’école fait face à une épidémie de tenues islamiques. Les filles en pincent pour l’abaya, les garçons pour le kamis, la tenue afghane. Le nombre d’infractions relevées dans la région parisienne est préoccupant avec une hausse vertigineuse ces derniers mois. Encore ne s’agit-il que d’incidents signalés par des profs courageux ! Qu’en est-il des établissements où règne la loi du silence ? Face à ces révélations, on a vu défiler sur les plateaux d’éminents experts chargés de calmer les esprits échauffés. L’inévitable Hakim el Karoui, auteur de ‘‘l’Islam, une religion française’’, s’est ainsi fendu sur BFM TV d’une explication alambiquée sur un phénomène qui ne serait « ni religieux, ni culturel, mais identitaire. » Les ‘‘djeuns’’, ces innocents, font avec ce qu’ils peuvent et s’inventent un islam à leur façon. Quelque chose que selon Karoui, on ne voit pas ailleurs. Pourtant le monde islamique est festonné d’abayas et de kamis, lesquels ne disent vraiment rien de bon pour les libertés là où ces vêtements sont la règle. Personne n’a osé le rappeler à l’orateur. Une fois de plus, les mots salafisme et intégrisme sentent le soufre. Comme si des dizaines de bons auteurs n’enquêtaient pas depuis vingt ans sur le contexte qui fait fleurir le fanatisme. Comme si le kamis ne faisait pas le frérot pakistanais ni l’abaya avec voile intégré la soeurette musulmane. Comme si le délire de la pureté sans un seul cheveu visible, l’anathème sur les jeunes filles aux cheveux libres et aux bras nus, le refus des cours de musique « impure » – un autre aspect relevé par les enseignants – et des leçons d’histoire qui ne collent pas avec la création selon Allah, tout ce fatras infect et stupide ne pavait pas le chemin des assassins, de l’égorgement de Samuel Paty aux massacres du Bataclan.
Force est de constater que nous n’avançons pas. Des partis qui ont osé défiler avec les islamistes sans être dérangés par les cris « Allah Akbar ! » montent en puissance. La mise à mort sociale des Afghanes ne fait pas descendre un seul indigné, une seule insoumise dans nos rues. Un nouveau type de propagande apparait. Les réseaux islamistes ont investi le wokisme, comme le prouve le nouveau rapport de l’islamologie Lorenzo Vidino publié par de la Fondation pour l’innovation politique (voir page 10). En voici quelques lignes éclairantes : « L’adoption des questions et des cadres de pensée woke par les islamistes occidentaux a permis à nombre de ses militants d’être acceptés dans les milieux ultra-progressistes […] Des structures de lutte contre le racisme aux médias grand public, des agences gouvernementales finançant la lutte contre la discrimination aux cercles intellectuels progressistes et aux Églises, les islamistes occidentaux ont conclu des alliances précieuses qui leur donnent une plus grande visibilité et un meilleur accès à l’opinion publique… »
Ce phénomène est d’autant plus alarmant que les ripostes et les actes de courage n’ont pas manqué. Tout est dit et décrit de ce travail de sape islamiste. Pourtant, il semble qu’une large partie des personnalités et de l’opinion refuse de lire et d’entendre. La dérive d’Éric Piolle, le maire de Grenoble devenu fan du burkini, la collaboration entre de pseudo-féministes et d’authentiques pères fouettards et mères fouettées de la charia ne sont compréhensibles qu’à travers ce prisme.