Malgré une victoire en trompe-l’œil au 2ème tour des élections législatives, la campagne du Nouveau front populaire (NFP) a été minée par les outrances du mélenchonisme – véritable épouvantail apte à faire fuir laïcs, universalistes, sociaux-démocrates – et plombée par la purge menée, au sein de LFI, envers les députés dissidents ayant osé contester la stratégie clivante de Jean-Luc Mélenchon.
Journal de bord d’une campagne électorale dévorée par les divisions et les querelles intestines qui ont empêché le NFP d’obtenir la majorité absolue, malgré l’impressionnante dynamique née de l’espérance d’une gauche unie apte à constituer le socle d’une alternative républicaine au péril d’extrême droite…
Montreuil (Seine-Saint-Denis), lundi 17 juin. Sur la place Jean-Jaurès, devant la mairie de ce fief de gauche (70 % des voix aux Européennes), le Nouveau Front populaire (NFP) tient son premier meeting. La diversité des intervenants – de l’extrême gauche au Parti socialiste, en passant par les économistes Thomas Piketty et Julia Cagé, l’ex-secrétaire général de la CGT Bernard Thibault et l’inévitable Edwy Plenel – est supposée illustrer la capacité de rassemblement du NFP, dont l’idée a été lancée par François Ruffin le dimanche 9 juin au soir, dès l’annonce de la dissolution.
Avec cette alliance, le député de la Somme espérait déjouer les pronostics des apprentis sorciers de l’Élysée : Bruno Roger-Petit et les autres conseillers de l’ombre avaient parié sur l’incapacité des gauches à s’unir. En ce premier meeting, les intervenants en appellent à l’Histoire avec un grand H : « Ce n’est pas un vote comme les autres, clame Bernard Thibault. Ne laissez pas passer cette chance historique ». Le syndicaliste lycéen Manes Nadel (La Voix lycéenne) rêve du Grand Soir et cite Lénine : « Il y a des décennies où il ne se passe rien, et il y a des semaines où il se passe des décennies ! » « Soyez du bon côté de l’Histoire ! », s’enthousiasme quant à lui le sénateur écologiste Ronan Dantec.
L’ambiance aurait dû être à l’unité. Las ! La purge perpétrée au sein de La France insoumise, le vendredi précédent, envers cinq députés trop remuants (Alexis Corbière, Raquel Garrido, Hendrik Davi, Danielle Simonnet et Frédéric Mathieu) est dans toutes les têtes. D’autant que l’un des dissidents évincés n’est autre que le député sortant de Montreuil, Alexis Corbière, présent ce soir-là.
« Ce week-end nous l’a montré, l’union est fragile, rappelle Julia Cagé. Il est urgent de se rassembler ». Non loin d’elle, Mathilde Panot, cheffe des députés Insoumis, lui fait les gros yeux. Cette même mimique d’institutrice sévère, immortalisée par les caméras, avec laquelle elle avait grondé Olivier Faure le soir du 9 juin, afin de lui rappeler qui est le patron.
Dans le public, Antoine*, technicien dans la sûreté nucléaire âgé de 36 ans qui précise avoir voté Glucksmann le 9 juin est « surpris par l’ampleur de l’union. Du Parti Pirate à François Hollande ! » se félicite-t-il. Il se dit « abasourdi et dégoûté par l’attitude de Mélenchon. Il y a quelques jours, il avait fait semblant de montrer de la retenue. En fait, il ne laissera jamais Ruffin prendre sa place ». Questionné sur la mise à l’écart de Glucksmann – ‘‘invisibilisé’’ dès le 9 juin au soir – Antoine s’apprête à répondre… Avant de se murer dans un silence assourdissant. Comme si dévoiler le fond de sa pensée à un journaliste pourrait nuire au NFP !
L’électeur socialiste finit par conclure, penaud : « L’union ne peut pas être parfaite ». Emma, fonctionnaire de santé de 55 ans, a quant à elle « voté vert » aux Européennes. « J’ai été peu surprise par le résultat des élections, mais très heureusement surprise par la constitution de l’alliance. J’ai envie d’y croire mais je suis peu optimiste… Le comportement de LFI est incompréhensible et déplacé. Mais je ne désespère pas pour ma circonscription, je vote à Montreuil et je choisirai Alexis Corbière. »
Rima Hassan et ‘‘le poison de la trahison’’
Arrive alors à la tribune Rima Hassan. Elle précise au public qu’il s’agit de son « tout premier discours en tant que députée européenne ». D’entrée de jeu, elle déroule la doxa woke qui ravit tant les indigénistes et les sociologues bobos (« Pour la génération que nous sommes et qui est intransigeante, pas de gauche sans lutte antiraciste et décoloniale, sans lutte contre le racisme systémique et sans libération de la Palestine… »), mais qui hérisse tant les laïcs, universalistes et autres sociaux-démocrates. Qu’à cela ne tienne ! Pour Rima Hassan, la chasse aux traîtres prévaut sur toute autre considération : « L’union ne peut tenir avec le poison distillé de la trahison… », insiste-t-elle. Elle déclare donc son soutien à Sabrina Ali Benali, médecin urgentiste et candidate de LFI face à Alexis Corbière.
Derrière la tribune – et face aux caméras de télévision – des drapeaux de LFI, des drapeaux palestiniens, un saugrenu drapeau sud-africain… Mais aucun drapeau français. À nos côtés, un électeur dispose bien d’un drapeau bleu blanc rouge, étendu sur son sac à dos, mais il n’ose pas le brandir.
Devant leurs écrans, les Français retiendront de ce meeting l’image d’un Front populaire otage de LFI et obsédé par la cause palestinienne, à cent lieues de leurs préoccupations. Les vidéos de cette estrade fleurie de drapeaux palestiniens feront le tour des réseaux-sociaux – et bien sûr les délices de l’extrême droite, qui se gaussera de « cette extrême gauche qui se croit à Gaza ».
Aux côtés de Rima Hassan, Mathilde Panot est tout sourire, ravie. C’est alors que François Ruffin et Clémentine Autain prennent la parole. Dès le samedi 15 juin au matin, Ruffin avait fustigé « le sectarisme et la bêtise » de la purge mélenchoniste. Ce soir du lundi 17, le député de la Somme apporte son « plein soutien » à son « ami et camarade », Alexis Corbière, vitupérant contre « une gauche hargneuse et teigneuse ».
À ces propos, le visage de Panot se décompose comme un fromage mou sous un coup de chaud. « En sept jours, les partis se sont unis, rappelle Ruffin. On a déjà gagné contre la résignation ». Alors que les autres intervenants citaient Victor Hugo, Aimé Césaire ou même Lénine, le député picard marque sa différence et sa proximité avec le terrain, avec les vraies gens de sa ‘‘circo’’ menacée par le RN, en citant sans complexe Johnny Hallyday – ce working class hero que les bobos ont toujours méprisé, le considérant comme une sorte d’Elvis des beaufs… – : « Nous avons retrouvé l’envie ! L’envie d’avoir envie ! », scande Ruffin. Une nouvelle fois, le député, qui veut réconcilier « la France des tours et des bourgs », détonne : il a compris comment reconquérir cet électorat populaire enfumé par les néofascistes. Las ! Sur Twitter, les militants Insoumis l’agonisent d’injures, le qualifiant parfois même de « traître ». Dix jours après ce meeting, après que Ruffin ait qualifié Mélenchon d’« obstacle à la victoire », Adrien Quatennens publiera un tweet assassin envers son ancien camarade, l’invitant carrément à rejoindre le RN !
Militant Insoumis, Alexandre*, justifie la non-investiture de ceux qu’il nomme les ‘‘ruffinistes’’ : « Ruffin a préparé ce front populaire avec un millionnaire », Olivier Legrain, un ancien industriel qui organise des rencontres discrètes entre frondeurs de LFI, élus du PS, du PCF et des Verts, afin de sauver la gauche en 2027. Une « trahison » pour ce trotskiste revendiqué : « C’est un peu comme le Printemps républicain », estime le jeune Insoumis, qui range le PR dans la case des « islamophobes ». « Ruffin veut recentrer le Front populaire, avec les éléphants du PS. Ils sont prêts à s’allier avec Macron. Regardez le retour de Hollande en Corrèze ! On sait ce que ça donnera : du néolibéralisme et, dans trois ans, une extrême droite toujours aussi forte car les problèmes n’auront pas été résolus. Ruffin, le PCF, le PS considèrent que, si les Français sont racistes, il faut faire profil bas sur l’antiracisme. Nous, on considère que les Français racistes qui votent RN ne sont que 7 millions. Il faut garder notre ligne et faire voter les abstentionnistes ».
Un pari perdu le 30 juin : entre les Européennes et les législatives, la participation a explosé (de 51,49 % à 69,5 %), tout comme le nombre de voix pour le RN, passé de 7,7 à 11,5 millions ! Même la mobilisation historique contre le RN au second tour des législatives, le 7 juillet, n’est pas parvenue à enrayer cette tendance (10,1 millions de voix pour RN et ses alliés, contre 7 millions pour le NFP)
Au final, le meeting du NFP à Montreuil aura prêché des convaincus… sans convaincre les autres : en exposant, une nouvelle fois, l’autoritarisme de Mélenchon, le sectarisme de ses affidés wokes et trotskistes, leur obsession palestinienne, l’image donnée ne risquait guère de rassurer les modérés, qui avaient à choisir LFI, au second tour, dans leurs circonscriptions (résultat des courses, malgré la percée du NFP, LFI a perdu 4 sièges par rapport aux législatives de 2022, alors que le PS en a gagné 33 et EELV 12).
Ceci n’est pas une purge !
Dans les jours qui suivent le meeting de Montreuil, qui a introduit le ver de la division dans la pomme pourtant appétissante du NFP, Olivier Faure déclare qu’en cas de victoire du NFP, le Premier ministre sera désigné par « tous les députés de la majorité » de gauche. Que nenni ! lui réplique Manuel Bompard : ce sera au groupe le plus important de le désigner… Donc à LFI, qui s’est vu attribuer le plus de circonscriptions (226, contre 171 pour le PS, 88 pour les Verts et 50 pour PCF). Un signal catastrophique adressé aux électeurs centristes : « J’hésitais encore mais là, c’est décidé je n’irai pas voter. Pas envie de me retrouver avec Mélenchon Premier ministre. C’est la même menace pour les libertés et la même promesse de chaos que le RN », nous confiait Carole*, une électrice du Gard.
Dès le 20 juin, un sondage IFOP confirme les différences de report des voix : si la quasi-totalité (92 %) des électeurs de LFI aux Européennes annonçait vouloir voter pour le NFP, seulement les trois quarts des électeurs Verts (76 %) et du PS-Place publique (71 %) pensaient faire de même. Dans une interview au Figaro le même jour, Mélenchon justifiait sa purge, parlant de « députés qui ont mis la pagaille pendant deux ans », et assumait récompenser la fidélité à son égard (« Des députés loyaux, qui ont fait le boulot sans jouer les stars sur le dos des autres »). À l’évidence, Mélenchon veut se présenter en 2027 et entend, en prévision, affaiblir la concurrence.
Le samedi 22 juin, le leader Insoumis estimait que « le bloc social-démocrate » formé par les Verts et les socialistes, a perdu 440 000 voix aux Européennes par rapport à 2019, alors que « nous, les Insoumis, d’une élection européenne à l’autre, nous gagnons un million de voix ». Même quand il perd, Mélenchon prétend avoir gagné : peu lui importe que, le 9 juin, la liste de Raphaël Glucksmann ait devancé celle de Manon Aubry de près d’un million de voix (3 424 216 contre 2 448 703) !
Dimanche 23 juin, c’est jour de marché place de la Réunion, dans le 20ème arrondissement de Paris. Dans ce quartier populaire, la députée sortante ‘‘purgée’’ Danielle Simonnet doit affronter la candidature de Céline Verzeletti, responsable cégétiste investie par LFI. Entre les étals, les militants des deux candidates distribuent leurs tracts dans « une ambiance électrique », confie Vincent*, qui milite pour Mme Simonnet. « On a un problème et il s’appelle Mélenchon, il ne lâchera jamais » soupire-t-il. « Ils ont supprimé d’un clic et sans prévenir les groupes de travail des militants du 20ème, les boucles sur réseaux sociaux, les groupes WhatsApp, pour nous empêcher de nous organiser ! Quel parti se comporte comme ça ? Même pas à Cuba, j’imagine… ».
Gérard*, qui vingt mètres plus loin tracte pour Mme Verzeletti, balaie le mot ‘‘purge’’, parodiant sans le vouloir René Magritte : « Ceci n’est pas une purge, c’est le résultat d’une décision collégiale, assène-t-il. Ruffin veut recentrer la gauche et allier la gauche à ses ennemis. Nous, on est vraiment de gauche. Les médias disent que c’est une purge parce qu’ils sont tous contre nous ! » Mais même ce militant semble conscient que Mélenchon représente un handicap : « Ce n’est pas sûr qu’il devienne Premier ministre… », temporise-t-il.
Un éléphant invisible porte de Clignancourt
Le dimanche 23 juin au soir, à La REcyclerie, vaste bar-restaurant branché installé dans une ancienne gare de la Porte de Clignancourt, Victoires Populaires organise une soirée de mobilisation. Ce mouvement citoyen est l’héritier de Primaire populaire, qui début 2022, avait milité, sans succès, pour une candidature unique à gauche. Les organisateurs demandent à leurs bénévoles d’inciter les gens à aller voter, en téléphonant à tous leurs contacts, en s’activant sur les réseaux sociaux. Ils ont mis en place un système de ‘‘matching’’, afin de faciliter les procurations et organisent du démarchage téléphonique. Le but étant de remporter les ‘‘circos’’ susceptibles de basculer au RN à quelques voix près.
La soirée de mobilisation commence par une intervention vidéo de l’humoriste Guillaume Meurice, tout juste viré de France Inter. Puis arrivent sur scène Manon Aubry (LFI), Chloé Ridel (PS) et Marine Tondelier (Verts). Le soleil brille et les sourires sont larges : « On est sur la même ligne ! », s’enthousiasme Marine Tondelier, qui rappelle qu’« en Pologne, la mobilisation des femmes et des jeunes a fait battre le PiS », le parti d’extrême droite qui a dirigé le pays de 2015 à 2023. Manon Aubry en fait presque trop : « C’est un immense bonheur de partager cette scène avec Chloé et Marine. Ce n’est pas un coup d’un soir ! » Chloé Ridel se dit « très heureuse de partager cette scène avec des femmes fortes et brillantes. Le Nouveau front populaire est la défaite de Macron, qui croyait que la gauche était irréconciliable ! En 2022, des circonscriptions pivots se sont jouées à une poignée voix ! Il faut y aller ! » Interviennent ensuite les féministes Blanche Sabbah, Typhaine D. et une humoriste « afroféministe et queer », Tahnee.
Au terme de cette soirée, nous nous présentons aux organisatrices de Victoires Populaires, Floraine Jullian et Mathilde Imer. La question est simple : comment convaincre les électeurs qui rechignent à donner leur voix à LFI parce qu’ils ne supportent plus Jean-Luc Mélenchon, qui vient de procéder à ce qui s’apparente à une purge et entretient le flou sur sa volonté de s’imposer comme Premier ministre ? À la mention du sulfureux leader Insoumis, les sourires s’effacent et les visages se ferment. Mélenchon est manifestement ‘‘l’éléphant invisible dans la pièce’’, comme disent les Américains, l’énorme problème que tout le monde fait semblant de ne pas voir. Elles prennent le numéro de téléphone de notre journaliste en promettant de lui « téléphoner en début de semaine » pour « organiser une interview ». Sans surprise, elles ne le rappelleront jamais !
Les raisins de la débâcle !
Retour dans le 20ème arrondissement de Paris, le vendredi 28 juin au soir, au quartier Saint-Blaise. Place Bilal Berreni alias Zoo Project (jeune graffeur du quartier, assassiné en 2013 à Detroit), Danielle Simonnet s’apprête à tenir un meeting de campagne. « C’est une purge, menée contre cinq députés sortants qui ont eu pour seul tort d’avoir raison avant l’heure, nous confie la députée. On était sceptique sur la stratégie de Jean-Luc Mélenchon du clivage pour le clivage. L’unité de la gauche est essentielle pour battre l’extrême droite ». L’ironie est qu’au soir du 9 juin, « Mélenchon appelait pourtant à jeter les rancœurs à la rivière ! » Cette purge constitue « une vraie faute politique car elle affaiblit le Nouveau front populaire au plan national. On devrait plutôt déployer toute notre énergie à aider les camarades pour éviter que leurs circonscriptions tombent au RN ». A-t-elle dialogué avec son adversaire ? « Je me suis présentée à elle. Je suis désolée pour elle, qu’elle soit ainsi instrumentalisée. Elle revendique être la candidate officielle, mais moi je suis la candidate légitime, soutenue par le PC, les Verts, le NPA, les syndicalistes, les associations de locataires ». Le sénateur communiste Ian Brossat était par exemple présent lors de ce meeting.
Le meeting commence. La députée ne cache pas son émotion en racontant la brutalité de son éviction : « J’ai milité pendant un quart de siècle aux côtés de Jean-Luc Mélenchon. Le mardi, la gauche s’unit, le mercredi, je remplis les formulaires de campagne. On se réunit le vendredi place de la Réunion, il est alors évident pour tout le monde que je serai candidate, je commence à mener campagne… » Sa voix se brise, ses yeux sont humides : « Le vendredi soir, à 23h22, cette heure est gravée dans ma mémoire, je reçois un email de LFI, sans explication, qui m’annonce que ma candidature n’est pas renouvelée. » « On nous reproche de vouloir un seul candidat de la gauche en 2027. Une stratégie appuyée par François Ruffin et Clémentine Autain. Les forces politiques de gauche du 20ème me soutiennent ! Le NFP n’est pas simplement un accord électoral, c’est une unité politique, syndicale et citoyenne ».
Plusieurs figures du quartier se succèdent à la tribune pour appuyer la députée : « Ce que Danielle a subi, s’exclame Josée Pépin, retraitée féministe, c’est un coup au cœur, c’est épouvantable. C’est frapper au plus profond des gens ! Il faudra une explication ! » « La façon dont on organise la démocratie au sein d’un parti en dit beaucoup sur la société qu’on veut construire », met en garde le militant écologiste Patrick Diaz.
Au même moment, à quelques centaines de mètres de là, place Gambetta, la candidate Insoumise Céline Verzeletti organisait, elle aussi, un meeting, avec en renforts Mathilde Panot et Sophia Chikirou. Sur l’estrade, la députée Sophia Chikirou est remontée à bloc contre Danielle Simonnet qu’elle soupçonne d’avoir parlé aux journalistes du magazine Complément d’Enquête. La députée se mue en procureur : Danielle Simonnet « est prête à s’arranger avec les appareils ». Huées du public. « C’est une aventure personnelle », de « gens qui faisaient du mal, qui parlaient dans le dos du groupe, qui trahissaient la confiance du groupe, qui organisaient le sabotage contre le collectif ».
Le dimanche 30 juin, les électeurs ont cependant tranché : Danielle Simonnet est arrivée très largement en tête, avec près de vingt points et plus de 10 000 voix d’avance sur sa rivale (42 % contre 22,28 %). Un verdict sans appel qui ne dissuade pourtant pas LFI de s’entêter à maintenir la candidature de Verzeletti ! Mais à l’arrivée, l’acharnement des mélenchonistes n’a pas empêchée Danielle Simonet d’être réélue avec une majorité écrasante de 74,1%, tout comme Hendrik Davi (65,9%) à Marseille et Alexis Corbière (57,1%) en Seine-Saint Denis.
Loïc*, militant CGT juge aux prud’hommes, la soixantaine, vétéran des luttes syndicales et fin connaisseur de l’extrême gauche, observe, désabusé, cette ambiance délétère. Il soupçonne, à l’instar de certains analystes (Dominique Reynié pour la Fondapol), Jean-Luc Mélenchon de « saboter à dessein » la campagne du NFP : « C’est de la pure stratégie lambertiste », du nom du courant trotskiste duquel est issu le leader Insoumis. « Provoquer l’avènement du fascisme, qui sera l’élément déclencheur de la révolution. » Tout un programme…
* Les prénoms des intervenants ont été modifiés pour garantir leur anonymat.