Les récentes élections législatives et européennes montrent à quel point une grande partie de la classe politique est coupée du peuple et incapable de porter un projet à long terme qui fédère la nation tout entière. D’un côté, les élites de la Macronie, dont la seule obsession est de nous ‘‘délivrer’’ du péril de l’extrême droite, n’ont fait preuve d’aucune vision pour redresser la France. En clair, elles n’ont travaillé à rien d’autre que l’évitement de la confrontation au réel. De l’autre, les médias woko-compatibles qui pratiquent l’inversion des valeurs à la façon de Big Brother, n’ont eu de cesse, depuis des années, d’expliquer aux Français comment ils devaient penser, se déplacer et consommer, sans imaginer que ces derniers leur feraient payer, un jour, ce trop-plein de moraline inepte.
Un exemple frappant : au cours d’un débat qui se tenait sur Europe 1 et CNews, lors des élections européennes, le 2 juin dernier, Valérie Hayer, la tête de liste de la majorité présidentielle, a conseillé à une participante qui lui faisait part de ses difficultés financières, d’« acheter une voiture électrique », alors qu’évidemment, celle-ci n’était pas en mesure de se la payer. Comment Madame Hayer n’a-t-elle pas pensé un instant à l’ineptie qu’elle venait de sortir ? À moins qu’elle soit totalement sotte, la seule explication est qu’elle n’a aucune idée de la façon dont vit la majorité de ses concitoyens en temps de crise.
En réalité, les élites bobos ne sont pas parvenues à comprendre que les Français en avaient assez de perdre du pouvoir d’achat et de vivre dans une insécurité devenue systémique. Elles n’ont pas non plus compris qu’une majorité de nos concitoyens est inquiète de voir leurs traditions et leur culture mises en péril par le wokisme et la montée de l’islamisme. Elles n’ont que faire de l’importation du conflit israélo-palestinien par La France insoumise et son avatar le Nouveau Front Populaire, dont certains élus n’ont d’autres motivations que de faire monter l’antisémitisme et plonger le pays dans le chaos.
Un fait notable en dit long : selon l’institut de sondage Ipsos, le Rassemblement national était mi-juin à 29 % chez les retraités et à 20 % chez les cadres, alors que ces deux catégories étaient plutôt acquises aux partis dits ‘‘classiques’’. « C’est la classe d’âge 30-55 ans qui vote le plus pour le RN. Ce n’est pas un hasard, elle ne peut plus monter socialement, elle va être figée », expliquait le démographe Hervé Le Bras sur LCP.
En réalité, ce qui met à mal les partis de gouvernement, c’est que depuis trente ans, personne parmi leurs représentants n’a eu le courage de nommer les problèmes, et encore moins de les traiter.
Nos dirigeants peineraient-ils à saisir le pouls de la Nation ?
Pour comprendre ce dont souffre la France, ce qu’est le mal-être de ses habitants, il suffit pourtant d’aller au café du coin ou sur les marchés du week-end, dans les petites et moyennes villes de provinces. On y entend le ras-le-bol de la vie trop chère, la peur des fins de mois difficiles et l’exaspération devant une délinquance grandissante et de plus en plus décomplexée.
Que l’on soit clair : le dire ou l’écrire ne signifie en aucun cas être populiste ni d’extrême droite. C’est au contraire faire preuve de réalisme, une qualité qui a trop longtemps manqué à la plupart de nous dirigeants.
Au cœur d’une tragédie politique
La Macronie est perdue. Elle l’est en réalité depuis ses débuts, le chef de l’État ayant fait de sa politique de l’‘‘en même temps’’ une machine à déboussoler le cœur de nos institutions. La stratégie du ‘‘et-de-droite-et-de-gauche’’ a fini par imploser d’elle-même. C’était inévitable, car une nation se gouverne avec un cap clair, non au gré du vent et des alliances de circonstance…
Pour l’heure, la France est au cœur d’une tragédie politique. Il faut bien l’admettre : aux européennes comme lors des législatives, le vote en faveur du RN était autant un vote d’adhésion que de contestation. En dissolvant l’Assemblée nationale, le président de la République, a pris le risque de porter à la tête du gouvernement le parti qu’il avait juré de faire disparaître. Le pari était risqué ; il avait même l’allure d’une partie de roulette russe ! En agissant ainsi, Emmanuel Macron a montré qu’il n’avait pas pris la mesure de la fracture abyssale qui oppose les classes populaires et moyennes au ‘‘monde d’en haut’’, si bien décrit par le géographe Christophe Guilluy.
Emmanuel Macron n’a pas davantage pris la mesure du refus par les Français du multiculturalisme progressiste, ni de cette vérité implacable : le peuple est conscient des prochains drames qui vont se jouer dans le pays, à commencer par la crise du logement, véritable bombe sociale qui viendra s’ajouter aux autres sources de tensions.
Plutôt que de chercher une nouvelle voie, Emmanuel Macron a préféré pratiquer la stratégie de la terre brûlée, tout en essayant de réunir autour de lui des sensibilités incompatibles par nature. Or, s’il est un adepte du slalom politique, le Président de République n’est définitivement pas un prodige du hors-piste !
À force de n’avoir aucune ligne, de jouer avec les extrêmes, de temporiser avec l’islamisme des Frères musulmans, de mépriser l’État de droit et de défier la lassitude populaire, Emmanuel Macron a donc subi une défaite politique cuisante, qui était prévisible.
Espérons simplement que celle-ci ne se transforme pas en déroute de la démocratie. Car chacun en a conscience : la période dans laquelle nous entrons est historique. Il ne suffit plus désormais, pour les partis traditionnels, de ‘‘crier au loup’’ face au Rassemblement national ; non ! Il leur incombe de renouer avec le sens moral et rompre avec cette forme de condescendance aveugle qui a précipité la France dans l’incertitude…