L’ambivalence du Dr. Chams-Eddine et Mister Hafiz, capable de passer – en l’espace d’à peine trois mois – d’un manifeste contre l’islamisme à une alliance avec les Frères musulmans, trouve son explication dans le fait que le recteur de la Grande Mosquée de Paris – à l’instar de tous ses prédécesseurs depuis la création de cette mosquée en 1926 – est un fonctionnaire de l’État algérien : la Grande Mosquée a été érigée en signe de reconnaissance de la France envers les ‘‘soldats indigènes algériens morts pour la patrie durant la Grande Guerre’’.
Depuis, l’Algérie est devenue indépendante, en 1962, mais la Grande Mosquée de Paris est restée la propriété du ministère algérien du Waqf. Le gouvernement algérien consacre à la Grande mosquée de Paris un budget annuel d’environ 2 millions d’euros. Il paye aussi les salaires de 120 ‘‘imams détachés’’ algériens officiant à travers le territoire français, sous l’égide de la Grande Mosquée de Paris.
Lors d’une visite à la Grande Mosquée, le 17 décembre 2020, l’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, a insisté sur le fait que cette mosquée « est d’abord algérienne et ne sera jamais autre chose » !
C’est cet ‘‘islam consulaire’’, que se disputent des pays étrangers sur le territoire Français, qui a donné naissance à la guerre ouverte que se livrent Chams-Eddine Hafiz et l’actuel président du CFCM, Mohammed Moussaoui, connu pour son opposition à l’islam politique, mais inféodé, lui aussi, à son pays d’origine : le Maroc.
La réorganisation de l’islam de France subit, donc, de plein fouet, les dommages collatéraux du conflit algéro-marocain – dont la France n’est pas partie prenante – qui s’est envenimé, au cours des derniers mois, conduisant à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.