Les enquêtes anti corruption en Algérie commencent à donner des sueurs froides aux autorités du Qatar. Selon nos sources, dans deux dossiers au moins, les investigations font apparaître l’implication de hautes personnalités qataries et de plusieurs figures parmi les « protégés » de Doha, au sein des réseaux européens des Frères musulmans, dans les circuits financiers utilisés par le clan Bouteflika pour piller les richesses du pays.
L’implantation des Frères musulmans en Europe remonte à plus de 60 ans. Elle est le résultat de trois générations successives d’activistes et de prédicateurs. Mais, l’influence européenne de la Confrérie s’est considérablement accentuée, depuis le milieu des années 1990. Grâce, notamment, à l’arrivée au pouvoir de l’ancien émir du Qatar, Hamad Bin Khalifa Al-Thani, qui scella une alliance
stratégique avec l’un des maîtres à penser des Frères musulmans, le sulfureux cheikh Youssef al-Qaradawi…
La toute dernière trouvaille du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche (CEFR) est une appli pour smartphone, lancée en grande pompe, en avril dernier.
Jamais un document occidental n’a provoqué un tel affolement dans les rangs de l’Internationale frères-musulmane. Les plus enflammés y voient une « déclaration de guerre» et menacent de risposter. Les plus rusés courbent le dos, craignant une interdiction de la Confrérie.
Le 23 août 1973, un muezzin appelle, pour la première fois, à la prière, depuis une mosquée en Bavière : le centre islamique flambant neuf situé à la sortie de Munich, au milieu des bois. A cette époque, l’Allemagne de l’Ouest ne compte que cinq mosquées. Celle de Munich a coûté cinq millions de Marks.
Implantés en Allemagne depuis la fin des années 1950, les Frères musulmans y exercent une emprise quasi-totale sur les lieux de culte et les institutions socio-culturelles islamiques. Et ce travers deux branches de la Confrérie : l’une est arabe, importée outre-Rhin par un trio de leaders du Tanzim al-Dawali (Saïd Ramadan, Ali Ghaleb Himmat et Youssef Nada) ; l’autre est turque, contrôlée par le clan Erbakan, l’une des familles les plus influentes au sein de la mouvance frère-musulmane en Turquie.
Diplômé d’Histoire et de Philologie (philosophie des idées) orientales, Michael Privot s’est converti à l’islam, à l’âge de 19 ans. Outre les fonctions qu’il a occupées au CECIV, dans sa ville natale, il a contribué, durant ses années d’activisme frères-musulman, à la création de plusieurs organisations, dont la plus militante est l’Empowering Belgian Muslims (EmBeM).
Michael Privot affirme, cependant, qu’EmBeM n’a jamais été formellement affilée aux Frères musulmans. Lorsqu’il l’a co-fondée 2013, avec Fatima Zibouh, Privot avait, en effet, déjà à rompu avec les Frères musulmans, depuis plus d’un an. Il reconnaît, cependant, que les co-fondateurs d’EmBeM étaient des personnes qu’il a connues auparavant au sein de la Confrérie.
La Belgique compte deux pôles principaux liés à la mouvance frères-musulmane, autour desquels gravite un ensemble d’associations locales et d’organisations satellitaires. Mais, la capitale Européenne est aussi convoitée par plusieurs organisations pan-européenne de la Confrérie dont l’activité principale est le lobbying auprès des institutions européennes.
Qui sont les représentants des Frères musulmans en France ? Et quel poids représentent-ils au sein de la nébuleuse islamiste hexagonale ? S’il n’existe pas de chiffres précis sur le nombre des militants et encore moins des sympathisants de la Confrérie, il est incontestable qu’elle connait, depuis une vingtaine d’année, une implantation et une influence grandissantes.
De l’ouvrage Qatar Papers, de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, les lecteurs ont surtout retenu l’importance financière des projets développés par l’émirat gazier en Europe via l’ONG Qatar Charity. Et accessoirement le salaire de 35.000 euros versé chaque mois à Tariq Ramadan par la Qatar Foundation, créée par la cheikha Moza, la mère de Tamim ben Hamad Al Thani, 38 ans, l’émir du Qatar depuis 2013.