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Frères musulmans : le rapport du Congrès américain qui affole la Confrérie islamiste

17 juillet 2019 Investigations   210325  

Jamais un document occidental n’a provoqué un tel affolement dans les rangs de l’Internationale frères-musulmane. Les plus enflammés y voient une « déclaration de guerre» et menacent de risposter. Les plus rusés courbent le dos, craignant une interdiction de la Confrérie.

Par Roland Jacquard

Réunie, le 11 juillet 2018, pour une audition sous l’intitulé de « la menace des Frères musulmans pour les Etats-Unis et leurs intérêts », la sous-commission de la sécurité nationale du Congrès américain a rendu un rapport aux conclusions extrêmement alarmantes, décrivant la Confrérie fondée en 1928 par l’égyptien Hassan Al-Banna comme étant « une organisation islamiste radicale ayant essaimé en un réseau de filiales dans plus de 70 pays ».

Pour cerner les contours de la menace que constituent les Frères musulmans pour les États-Unis et le monde, la commission s’est basée sur les témoignages et les rapports d’expertise d’un groupe d’éminent spécialistes composé de Hillel Fradkin, de l’Hudson Institute ; Jonathan Schanzer, de la Foundation for Defence of Demecracies ; Zuhdi Jasser, de l’American Islamic Forum for Democracy ; Daniel Benjamin, Norman E. McCulloch Jr., John Sloan Dickey, du Center for International Understanding, au sein de Dartmouth College  et de l’ambassadeur Ryan Crocker, Diplomate en Résidence à Princeton University.

La commission en a tiré un document de 90 page, extrêmement circonstancié, intitulé « The Muslim Brotherhood’s Global Threat », concluant que les Frères musulmans constituent « un mouvement global et influent, dont les différentes branches œuvrent à la promotion d’une idéologie radicale et extrêmement violente, même  si certaines de ces branches ne sont pas directement engagées dans le terrorisme ». 

A l’issue de l’audition, le président de la sous-commission congressistes, Ron DeSantis, a reconnu ouvertement que « la politique américaine n’a pas pris en compte le comportement radical des Frères musulmans et leur soutien aux groupes terroristes ». Un aveu perçu comme un signe précurseur de la volonté du Congrès américain et de l’Administration Trump de classer les Frères musulmans comme organisation terroriste. 

Face à cette menace qui pointe à l’horizon, la maison-mère des Frères musulmans est restée discrète, se contentant de la rhétorique habituelle, accusant le rapport de la commission américaine de faire partie d’une « campagne menée par l’extrême droite religieuse aux Etats-Unis contre l’Islam ». Mais, certains tentacules de la Confrérie, notamment en Libye, ont qualifié ce rapport de « déclaration de guerre ». 

Ainsi, le chef du « Parti de la Justice et de la Construction », vitrine politique des Frères musulmans en Libye, Khaled El-Mashri, s’est empressé d’aller à la rencontre de Stéphanie Williams, qu’il a connue lorsqu’elle fut chargée d’affaires par intérim à l’ambassade américaine en Libye, et qui venait d’être nommée représentante adjointe des Nations Unies dans ce pays, pour lui « demander des éclaircissements », tout en l’avertissant que ce rapport pourrait avoir des « conséquences dangereuses ». 

De son côté, le chef du conseil militaire de Tripoli, l’ancien djihadiste affilié à al-Qaida, Abdelhakim Belhadj, actuellement proche des Frères musulmans, a été plus menaçant encore. Selon une note confidentielle européenne, il aurait mis en garde une source occidentale, avec laquelle il s’est entretenu à Istanbul, que le rapport du Congrès constitue à ses yeux « une déclaration de guerre des Etats-Unis et de leurs alliés émiratis contre les Frères musulmans », mettant en garde son interlocuteur que cela allait « avoir des conséquences, y compris en Libye ».

Pour l’instant, toutes ces menaces demeurent de l’ordre de l’intimidation verbale. Mais, si l’Administration Trump venait à mettre à exécution ses menaces de classer les Frères musulmans comme organisation terroriste, nul doute que les bras armés de la Confrérie n’hésiteraient pas à passer des paroles aux actes.