Le samedi 7 octobre 2023 restera comme une date indélébile dans l’Histoire d’Israël et la conscience du monde. Une tuerie sans nom, des crimes que même la plus nécrosée des imaginations aurait été incapable d’élaborer. Des innocents avaient rendez-vous avec la mort dans ce qu’elle a de plus abject. Une mort délibérément donnée par des hommes fanatisés qui n’ont plus d’humanité qu’une vague et trompeuse apparence.
Acronyme de Harakat al-Mouqawama al-Islamiya (Mouvement de Résistance Islamique), le Hamas est l’œuvre, on le sait, du cheikh Ahmed Yassine, d’Abdel Aziz al-Rantissi et de Mahmoud Mohamed Taha, créée à la fin de l’année 1987. Nous sommes alors juste après le début de la première intifada.
La genèse du Hamas est jumelée avec le mouvement des Frères musulmans égyptiens qui, en prenant en otage la cause des Palestiniens, a trouvé la faille pour s’introduire sur la scène politique d’un des peuples les plus fragiles et les plus meurtris de notre histoire moderne.
À contrario de ce qui se laisse entendre, si le Hamas a pris corps à la fin des années 1980, c’est déjà dans les années 1940 que des groupes partageant des idéologies islamistes du même acabit ont émergé dans la région, conséquence de la création des Frères musulmans en 1928 par Hassan al-Banna après la chute de l’Empire ottoman.
Aujourd’hui, à l’unisson, les experts confirment que les Frères musulmans constituent le mouvement islamiste le plus radical et le plus influent au Moyen-Orient, si l’on exclut l’Iran de l’équation.
Depuis plus de 80 ans, ses ramifications sont titanesques. Les branches palestiniennes se sont érigées dès 1946, deux ans avant la création de l’État d’Israël. Il opéra ainsi un coup de force où religion et politique ne font plus qu’un. Le fantasme de l’expansion islamique, qui a commencé au VIIème siècle, est dans les desseins de ces branches extrémistes de l’islam.
À travers le Hamas, les Frères ont su faire jongler, tour à tour, une cause légitime enrobée d’un discours fanatisé et extrémiste qui impose un choix binaire à sa population. Binaire, mais aussi d’une violence sans pareil comme nous avons pu en être les témoins, à travers nos écrans, le 7 octobre dernier.
Comme jadis le FIS (Front Islamique du Salut) en Algérie, le Hamas n’est pas sans savoir qu’une cause défendue sous couvert de religion obtient un ancrage aux fondations solides. Mosquées, institutions religieuses (mais aussi des écoles, des lieux publics…) essaimeront dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. À l’instar de l’Algérie dans les années 1990, ces chantiers à destination de la population (dont les financements sont livrés rubis sur ongle par des pétromonarchies) servent à asseoir une base populaire qui voit en ces organisations terroristes les seuls capables de répondre à l’urgence d’une vie en éternel suspens.
Et de fait, les plus jeunes parmi la nouvelle génération palestinienne qui voit le Hamas comme un sauveur, sont victimes du lavage de cerveaux opéré par les idéologues Frères musulmans du Mouvement islamiste au discours facilement audible et aux prêcheurs à la verve imparable. Ils savent quoi dire, comment le dire et à qui le dire. ‘‘Héros’’ maléfiques qui manient le double discours propagandiste, pour endoctriner et manipuler les masses. Ils confient ensuite le sale boulot aux jeunes activistes fanatisés de la génération millenium, celle à qui on a inculqué, à travers de cyber tutoriels islamistes, comment éventrer, égorger, décapiter, sans état d’âme et sans distinction d’âge ou de sexe.
Car, la situation inhumaine qui prévaut à gaza, depuis bientôt deux décennies, est forcément génératrice de jeunes générations qui ne trouvent aucune alternative ni échappatoire au fanatisme. Et qui voient bien, par la fenêtre du Net, que la vie à Gaza est bien différente de celle du reste du monde. Comme l’a si justement relevé un observateur français : « avoir 20 ans aujourd’hui dans la bande de Gaza, c’est aussi n’avoir jamais quitté ces 365 km2. »
Comme tout groupe terroriste, le Hamas sait où le bât blesse. Il connaît les formules idoines, celles capables d’aliéner les esprits quand l’horizon brouillardeux bouche l’avenir de ces jeunes générations palestiniennes et gâche leurs vies, comme ce fut le cas pour celles de leurs parents et de leurs grands-parents. Ou pire encore ! Et c’est ainsi que ce qui constitue le summum de l’horreur, échappant à tout entendement humain, finit par apparaître à leurs yeux comme un acte légitime et justifié.
Et pour légitimer tant de barbarie, les mouvements extrémistes, comme le Hamas et la confrérie des Frères musulmans dont il est issu, font de la manipulation religieuse une arme redoutable, non seulement pour justifier la violence et la haine, mais aussi afin de prendre possession de la conscience de leurs partisans et entraver ainsi leur libre arbitre pour en disposer et les amener à commettre les plus abjects des crimes.