Parmi les incendiaires qui attisent le brasier du conflit Israël-Hamas en passe de dévorer le Moyen-Orient et peut-être le monde, Recep Tayyip Erdogan occupe une place majeure. Président d’une grande nation musulmane, membre de l’OTAN, et qui réclame son intégration à l’espace européen, il s’est fendu d’une proclamation fracassante et sinistre. Le 26 octobre dernier, à trois jours du centenaire de la République fondée par Atatürk, Erdogan a déclaré devant le Parlement de son pays : « Le Hamas n’est pas un groupe terroriste, c’est un groupe de libérateurs qui protègent leur terre ! ».
Entourée par des pays de l’Union européenne qui considèrent l’organisation islamiste palestinienne comme terroriste, la Suisse continue à ne pas appliquer de sanctions au Hamas, ni à interdire son territoire à ses dirigeants. Mais depuis les attaques du 7 octobre dernier, le Conseil fédéral (gouvernement) a décidé de se faire violence et à utiliser le mot ‘‘terrorisme’’ pour désigner les Frères musulmans palestiniens. Il a aussi annoncé qu’il allait procéder à « une analyse détaillée des flux financiers » en direction du Proche-Orient, une façon bien suisse de dire que le gouvernement entend contrôler les sources de financement du Hamas.
Outre ses roquettes de fabrication artisanale, le Hamas reçoit, depuis deux ans, des roquettes iraniennes Fajr-5 d’une portée de 75 kilomètres. L’Iran l’approvisionne aussi en missiles antichars russes Kornet. Certains missiles de ce même type auraient également été acquis en Libye.
La main de l’Iran est clairement derrière les attentats terroristes du Hamas qui ont frappé Israël, le 7 octobre dernier. Au-delà des clivages traditionnels Sunnites-Chiites, les Mollahs iraniens et le mouvement islamiste palestinien ont un point commun : l’organisation des Frères musulmans et sa doctrine de l’islam politique. Explications.
Fondé officiellement, en décembre 1987, par le cheikh frère-musulman Ahmed Yassine et deux de ses acolytes, le Hamas a introduit dans le conflit israélo-palestinien le fanatisme islamiste et les attentats-suicides. Toutefois, les racines de la terreur exercée par ce mouvement islamiste, qui se revendique des Frères musulmans, plongent bien plus profondément dans l’Histoire de la région. Avec pour premier mentor Amin al-Husseini, le Grand mufti de Jérusalem, collaborateur des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela s’est ensuite prolongé avec Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans égyptiens, qui envoya ses hommes en Palestine pour se battre contre les Juifs en 1948. Et plus récemment encore, le cheikh Youssef al-Qaradawi, guide spirituel des Frères musulmans, qui exhortait les Musulmans, depuis sa tribune d’al-Jazeera, à prendre le relais d’Hitler qui a « administré le premier châtiment divin aux Juifs » pour « les punir de leur corruption ».
Les hordes fanatisées du Hamas, qui ont perpétré les attaques du 7 octobre dernier, ont reçu en héritage une judéophobie obsessionnelle qui a marqué l’Histoire des Frères musulmans depuis leur constitution en 1928.
Le samedi 7 octobre 2023 restera comme une date indélébile dans l’Histoire d’Israël et la conscience du monde. Une tuerie sans nom, des crimes que même la plus nécrosée des imaginations aurait été incapable d’élaborer. Des innocents avaient rendez-vous avec la mort dans ce qu’elle a de plus abject. Une mort délibérément donnée par des hommes fanatisés qui n’ont plus d’humanité qu’une vague et trompeuse apparence.