En septembre 1988, Jean-Claude Buhrer, grand reporter au journal Le Monde, est en déplacement en Inde, au moment de la publication par Salman Rushdie de son roman ‘‘Les Versets sataniques’’. « La réaction des chiites en Inde est immédiate. Ils lancent aussitôt une fatwa contre Salman Rushdie, réclamant sa mise à mort », se souvient le journaliste. Il appelle aussitôt son journal… qui décline sa proposition d’article. Vraisemblablement, l’importance du sujet a échappé sur le moment au grand quotidien parisien.
Ce n’est un secret pour personne que le corridor économique Chine-Pakistan (CECP) est moins une question d’économie que de stratégie – la stratégie de la Chine. Le vernis de l’économie et du développement n’est maintenu que pour cacher la véritable force motrice qui pousse la Chine à injecter des dizaines de milliards d’euros au Pakistan. La Chine est désormais le plus grand créancier du Pakistan et ce dernier risque de devenir un nouvel exemple de la diplomatie chinoise du piège de la dette. Pour la Chine, le CECP n’a aucune valeur intrinsèque. La valeur réelle des projets réside dans le fait que la Chine n’a pas seulement une empreinte mais un contrôle virtuel sur deux biens immobiliers essentiels – le port de Gwadar et la région du Gilgit-Baltistan.
Après tout ce que le Pakistan a fait pour les Talibans pendant les deux décennies où ils ont combattu la République afghane soutenue par les États-Unis, Islamabad s’attendait légitimement à ce que, cette fois-ci, les Talibans fassent preuve d’une plus grande gratitude et acceptent la liste de souhaits du Pakistan sur toute une série de questions.
Or, depuis que les Talibans ont rétabli leur émirat à Kaboul, il n’y a pas une seule question sur la liste de souhaits du Pakistan qui ait été cochée par les talibans : accepter la ligne Durand comme frontière ? Non ; Expulser les insurgés baloutches ? Non ; démanteler, dégrader et détruire le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) ? Non ; tenir l’Inde à l’écart ? Non ; un gouvernement inclusif ? Non ; Permettre l’éducation des filles et donner des droits aux femmes ? Non !
En Allemagne, où vivent trois millions de Turcs, dont plus d’un million possède la nationalité allemande, Ankara tente depuis plusieurs années d’influencer les élections, en appelant les électeurs binationaux à ne pas voter pour les partis politiques jugés hostiles aux intérêts de la Turquie. Les réseaux de Recep Tayyip Erdogan s’activent aussi en France, même si cela se fait bien plus discrètement, via le Conseil pour la justice, l’égalité et la paix (Cojep), qui a présenté – sans grand succès – plusieurs candidats aux récentes élections législatives.
Dans son dernier livre ‘‘Islamophobie, mon œil !’’, Djemila Benhabib emprunte à Salman Rushdie une formule qui résume, à elle seule, toute l’ampleur de l’escroquerie mortifère, orchestrée par le tenants de l’islam politique, que la militante laïque et féministe d’origine algérienne entend dénoncer à travers cet ouvrage lucide et poignant, à mi-chemin entre l’essai politique et le témoignage autobiographique : « un nouveau mot avait été inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles : l’islamophobie », dixit l’auteur des ‘‘Versets sataniques’’ qui connaît mieux quiconque les supercheries intellectuelles de l’inquisition islamiste.
Sur la photo qui illustre son dernier livre, Djemila Benhabib a l’œil étincelant, l’œil du défi. D’ailleurs, il est dans le titre : « Islamophobie, mon œil ! » (Éditions Kennes). Un regard lucide porté sur cette arnaque politique qui interdit de critiquer librement l’Islam. L’essayiste en a elle-même fait les frais, trainée devant les tribunaux au Québec à maintes reprises pour ses interventions courageuses contre l’obscurantisme. Djemila, qui porte le nom d’un site admirable en Algérie, cher à Albert Camus (« Le vent à Djemila ») a grandi dans ce beau pays ensanglanté jusqu’à son exil en France, en 1994, après une condamnation à mort des GIA, les groupes islamiques armés. Elle avait à peine 22 ans. Depuis, elle se bat, menant sa vie « À contre-Coran », titre de l’ouvrage qui lui a valu le plus d’admiration et de haine.
L’été est à nos portes et la sempiternelle question du burkini revient comme un boomerang annuel, à l’instar des rythmes latinos qui devraient accompagner les estivaliers sur la plage. Cependant, si les succès musicaux ne sont jamais prévisibles, les Unes, commentaires, condamnations et autres résurgences sur la légitimité ou l’interdiction de ce ‘‘vêtement de plage’’, prolongement du hijab (voile islamique), seront avec certitude au cœur du débat.
Au moment où les Afghanes sont privées de visage, de travail, d’école, de sortie, vouées par les Talibans à la claustration de la naissance à la mort, Éric Piolle, le maire écolo de Grenoble, s’illustre dans la défense du burkini. Un tchador des piscines qui serait islamo-compatible avec le mode de vie français. L’édile a brandi différents modèles du pieux tissu devant le Conseil d’État qui examinait le 14 juin dernier le recours déposé par la municipalité de Grenoble après la suspension du droit au burkini par le tribunal administratif.
Comment expliquer que certaines personnalités influentes des frères musulman n’ont de cesse de donner des leçons de morale, alors qu’elles mènent une vie privée souvent totalement dissolue ? On pense immédiatement à Tariq Ramadan, dont les juges d’instruction ont récemment annoncé la fin des investigations sur les accusations de viols, ouvrant ainsi la voie à tenue prochaine d’un procès. Mais c’est aussi le cas de Mohamed Karmous, en Suisse, victime de maîtres-chanteurs. Il a récemment été filmé à son insu lors d’une relation sexuelle avec une jeune fille rencontrée la veille.
La perversion de la cité, disait Platon, commence par la fraude des mots. Concernant l’islam, on en est arrivé, en France, au massacre des mots. Si cette religion est au cœur des polémiques électorales françaises, ce n’est pas à cause de l’importance de ce que pourraient représenter les voix des musulmans dans les urnes, mais pour d’autres raisons, liées à des problématiques bien plus explosives. Pourquoi l’islam est-il devenu un sujet capital de la campagne électorale en France ? C’est seulement par peur ou par semblant de peur face au ‘‘grand remplacement’’, ou dans le but de le réfuter. Si la droite dans toutes ses couleurs et tendance a trouvé son cheval de Troie dans ce ‘‘grand remplacement’’, le déclassement politique de la gauche est essentiellement dû au déni de cette situation, qui est aujourd’hui au cœur du débat politique en France.