Un bon Musulman se sent aujourd’hui coupable de ne pas avoir réussi à instaurer l’État islamique, que ce soit par la persuasion ou la force. Cet idéal, ce but ultime s’appuient sur sa fierté de Musulman. Il est fier de ce qu’il est, non de ce qu’il fait. Au lieu d’être ce qu’il va devenir, il veut être ce qu’il a été. Il résulte de ce blocage une attitude dichotomique et, s’il accepte la modernité technique, il rejette sa métaphysique. Ainsi, il vit un développement sans progrès car il reste collé au sacré : l’interdit, le halal, le paradis, l’enfer, les supplices de la tombe… Chez lui, la pureté et la peur l’emportent sur le processus de liberté. Mais, comme il se sent coupable de ne pas faire avancer la cause de l’Islam qui est de propager la loi d’Allah partout dans le monde, il est en perpétuel conflit intérieur.
Comme Salman Rushdie, je pense que « s’il m’était demandé de donner une seule et brève phrase sur la religion, je dirais : je suis contre » ! Non pas que le problème soit la foi religieuse en elle-même, mais parce que « dès le début, les hommes se sont servis de Dieu pour justifier l’injustifiable ».
Comme Salman Rushdie, je considère que « la liberté d’expression est le tout, toute l’histoire », qu’elle « est la vie elle-même », que « sans la liberté d’offenser, elle cesse d’exister ».
Il faut toujours prendre les intégristes aux mots. Ceux qu’ils prononcent pour tuer. Ceux qu’ils interdisent aux autres de prononcer. Hadi Matar, l’homme qui a tenté le 12 août d’assassiner Salman Rushdie, était actionné par les mots de la mort. La mort est le véritable empire de l’islamisme. Salman Rushdie, lui, actionne les mots de la vie. Le poignard de l’intégriste d’origine libanaise, né aux Etats-Unis, admirateur de Khomeiny et du Hezbollah, devait lui faire rentrer ses mots dans la gorge et tous les organes.
“Le radicalisme religieux irradie une sorte de « glamour ». Offrez une kalachnikov et un uniforme noir à un jeune sans le sou, sans emploi, et soudain vous conférez un pouvoir à celui qui se sent vulnérable et défavorisé”. Ces mots sont de l’écrivain Salman Rushdie, entre la vie et la mort à l’heure où nous écrivons ces lignes. Ils traduisent l’immense clairvoyance que cet homme a sur ses contemporains. Menacé de mort depuis plus de 30 ans, Salman Rushdie a construit une œuvre sur les braises ardentes d’une fin qu’il n’imaginait pas impossible de la main de l’Homme.
En septembre 1988, Jean-Claude Buhrer, grand reporter au journal Le Monde, est en déplacement en Inde, au moment de la publication par Salman Rushdie de son roman ‘‘Les Versets sataniques’’. « La réaction des chiites en Inde est immédiate. Ils lancent aussitôt une fatwa contre Salman Rushdie, réclamant sa mise à mort », se souvient le journaliste. Il appelle aussitôt son journal… qui décline sa proposition d’article. Vraisemblablement, l’importance du sujet a échappé sur le moment au grand quotidien parisien.
Ce n’est un secret pour personne que le corridor économique Chine-Pakistan (CECP) est moins une question d’économie que de stratégie – la stratégie de la Chine. Le vernis de l’économie et du développement n’est maintenu que pour cacher la véritable force motrice qui pousse la Chine à injecter des dizaines de milliards d’euros au Pakistan. La Chine est désormais le plus grand créancier du Pakistan et ce dernier risque de devenir un nouvel exemple de la diplomatie chinoise du piège de la dette. Pour la Chine, le CECP n’a aucune valeur intrinsèque. La valeur réelle des projets réside dans le fait que la Chine n’a pas seulement une empreinte mais un contrôle virtuel sur deux biens immobiliers essentiels – le port de Gwadar et la région du Gilgit-Baltistan.
Après tout ce que le Pakistan a fait pour les Talibans pendant les deux décennies où ils ont combattu la République afghane soutenue par les États-Unis, Islamabad s’attendait légitimement à ce que, cette fois-ci, les Talibans fassent preuve d’une plus grande gratitude et acceptent la liste de souhaits du Pakistan sur toute une série de questions.
Or, depuis que les Talibans ont rétabli leur émirat à Kaboul, il n’y a pas une seule question sur la liste de souhaits du Pakistan qui ait été cochée par les talibans : accepter la ligne Durand comme frontière ? Non ; Expulser les insurgés baloutches ? Non ; démanteler, dégrader et détruire le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) ? Non ; tenir l’Inde à l’écart ? Non ; un gouvernement inclusif ? Non ; Permettre l’éducation des filles et donner des droits aux femmes ? Non !
En Allemagne, où vivent trois millions de Turcs, dont plus d’un million possède la nationalité allemande, Ankara tente depuis plusieurs années d’influencer les élections, en appelant les électeurs binationaux à ne pas voter pour les partis politiques jugés hostiles aux intérêts de la Turquie. Les réseaux de Recep Tayyip Erdogan s’activent aussi en France, même si cela se fait bien plus discrètement, via le Conseil pour la justice, l’égalité et la paix (Cojep), qui a présenté – sans grand succès – plusieurs candidats aux récentes élections législatives.
Dans son dernier livre ‘‘Islamophobie, mon œil !’’, Djemila Benhabib emprunte à Salman Rushdie une formule qui résume, à elle seule, toute l’ampleur de l’escroquerie mortifère, orchestrée par le tenants de l’islam politique, que la militante laïque et féministe d’origine algérienne entend dénoncer à travers cet ouvrage lucide et poignant, à mi-chemin entre l’essai politique et le témoignage autobiographique : « un nouveau mot avait été inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles : l’islamophobie », dixit l’auteur des ‘‘Versets sataniques’’ qui connaît mieux quiconque les supercheries intellectuelles de l’inquisition islamiste.
Sur la photo qui illustre son dernier livre, Djemila Benhabib a l’œil étincelant, l’œil du défi. D’ailleurs, il est dans le titre : « Islamophobie, mon œil ! » (Éditions Kennes). Un regard lucide porté sur cette arnaque politique qui interdit de critiquer librement l’Islam. L’essayiste en a elle-même fait les frais, trainée devant les tribunaux au Québec à maintes reprises pour ses interventions courageuses contre l’obscurantisme. Djemila, qui porte le nom d’un site admirable en Algérie, cher à Albert Camus (« Le vent à Djemila ») a grandi dans ce beau pays ensanglanté jusqu’à son exil en France, en 1994, après une condamnation à mort des GIA, les groupes islamiques armés. Elle avait à peine 22 ans. Depuis, elle se bat, menant sa vie « À contre-Coran », titre de l’ouvrage qui lui a valu le plus d’admiration et de haine.