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Eric TSCHAEN-POOL/SIPA

 

Gérald Darmanin VS. Frères musulmans : pas le droit à l’erreur !

3 juin 2024 Expertises   98773  

Emmanuel Razavi

Nos gouvernants se sont-ils montrés naïfs depuis 30 ans, au point de prendre des islamistes pour de fervents républicains, ou ont-ils tout simplement joué le jeu dangereux d’un électoralisme mortifère, croyant séduire les Musulmans de France en acceptant de répondre aux revendications communautaristes de voyous arborant barbes taillées et cravates ?
Combien de journalistes, chercheurs, femmes et hommes politiques ont pourtant alerté, parfois au péril de leur vie, sur la menace que représentait l’islamisme, et plus particulièrement l’organisation des Frères musulmans en Europe ? Combien de martyrs de la République, de l’attentat de Charlie Hebdo à celui contre Samuel Patty, aura-t-il fallu pour comprendre le danger civilisationnel que représentent ces fous d’Allah ?

L’heure semble cependant à la prise de conscience et il y a tout lieu de s’en réjouir. Car le 4 mai dernier, Gérald Darmanin a annoncé à nos confrères du JDD vouloir lutter contre le séparatisme religieux, en lançant une mission sur l’islamisme politique et la mouvance des Frères musulmans. Elle sera confiée à deux hauts fonctionnaires, François Gouyette, ancien ambassadeur, et Pascal Courtade, préfet des Yvelines, qui vont évaluer la menace que font peser les adeptes d’Hassan al-Banna (fondateur de la confrérie islamiste) sur la France.

Cependant, la mission en question semble pour le moins tardive, quand on sait tout ce qui a déjà été dit et écrit sur le sujet, et qu’une commission d’enquête sur l’islam radical a été organisée en 2019.

Pourtant, on a envie d’y croire et de gager que le ministre de l’Intérieur a bien pris la mesure du danger. Il est en effet idéalement placé pour savoir à quel point le discours des Frères musulmans est porteur, par ricochet, de violence.

Rappelons les faits, largement documentés depuis des décennies : les Frères musulmans, la matrice du djihadisme contemporain, ont essaimé en Égypte en 1928. Leur confrérie, farouchement antisémite et antioccidentale, est présente « dans plus de 70 pays », selon les termes même de son vice-guide Mohamed Habib que j’avais interviewé au Caire en 2007 pour la chaîne Arte. Il m’expliqua ainsi qu’elle avait pignon sur rue en France, en Espagne, en Belgique, en Allemagne, en Angleterre, aux États-Unis et au Canada, pays où elle avait pénétré les universités, les grandes entreprises, les écoles privées religieuses, les mosquées, les magasins de nourriture hallal et le monde associatif, médiatique et politique.

À la même époque, j’avais rencontré Essam el-Erian, porte-parole de l’organisation en Égypte. Ce médecin devenu activiste m’avait loué les qualités de son ami d’enfance, Ayman al-Zawahiri, alors numéro 2 d’al-Qaïda. Deux de ses jeunes cadres m’avaient également pris à partie, m’expliquant sans détour que si la France ne cédait pas sur le voile islamique, alors elle serait « mise à feu et à sang ». Des années plus tard, à Londres, le Frère musulman Azzam Tamimi, universitaire et activiste politique anglo-jordanien, m’avait quant à lui parlé du djihad numérique et économique que ses ‘‘frères’’ se préparaient à livrer à l’Occident.

Pacifiques, les Frères musulmans ? Contrairement à ce que veulent nous faire croire les pseudo-islamologues du calibre de François Burgat, pas vraiment. Car les Frères musulmans entendent prendre le pouvoir par les urnes et, s’ils n’y parviennent pas, l’obtenir par les armes.

Un califat mondial, dont la France serait le marchepied en Europe

Les objectifs des Frères musulmans ? Instaurer la charia, organiser la société autour des valeurs de l’Islam des origines et restaurer le califat. Ses deux principaux sponsors : le Qatar et la Turquie, sans parler de l’Iran et la Russie, dont les services secrets utilisent habilement la confrérie au gré de leurs intérêts géopolitiques, jusque dans les universités européennes.

Considérée par les experts comme la matrice du djihadisme contemporain, l’organisation islamiste, dont les leaders français sont davantage adeptes du costume trois pièces que de la kalachnikov, semble en apparence prôner un islam compatible avec la République. Ce à quoi l’on aimerait croire, sauf que son Histoire raconte le contraire. Dès les années qui ont suivi sa création, ses chefs ont opté pour la mise en place d’une branche armée secrète et une stratégie d’entrisme dont nous connaissons aujourd’hui les effets dévastateurs.

Dans les années 60, les Frères musulmans ont essaimé au Maghreb, où ils ont engendré trente ans plus tard le Front islamique du Salut, puis des groupes terroristes tels le Groupe Islamique Armé (GIA), le Groupe Salafiste Pour la Prédication et le Combat (GSPC) et al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Ils ont donné naissance à la fin des années 80 à al-Qaïda, Oussama Ben Laden ayant pour mentor l’un des activistes phares de l’organisation, Abdallah Azzam, surnommé ‘‘l’imam du jihad’’. Plus près de nous, en 2014, la confrérie a fourni un certain nombre de cadres à Daech. Et puis il y a la République islamique d’Iran, dont le fondateur, l’ayatollah Khomeini, s’inspira des théories de Seyed Qutb, le théoricien ultra-radical de la confrérie islamiste.

On l’aura compris : depuis longtemps, on sait tout ou presque de l’organisation des Frères musulmans et de son projet d’infiltration dans nos institutions.

Seulement voilà : les gouvernements qui se sont succédé depuis quarante ans n’ont rien voulu voir, rien voulu savoir, ignorant les alertes des journalistes spécialisés comme de nos services de renseignements.

Pendant ce temps, les ‘‘Frères’’ ont mené patiemment une stratégie d’islamisation de l’Europe, œuvrant au sein d’une multitude de structures associatives qui défendaient à bon compte les persécutions subies par les Palestiniens et nous expliquaient que le Hamas n’était pas une organisation terroriste, mais un ‘‘mouvement de résistance’’.

Cela s’ajoutant, bien sûr, au concept de victimisation des populations musulmanes installées en Occident, leur conduite a permis en moins de quatre décennies d’institutionnaliser les communautarismes et de faire chavirer les fondements de la laïcité.

Le plus grave, c’est que l’action frériste, relayée par les partis d’extrême gauche, a installé en France une forme de révisionnisme qui a conduit à une montée en puissance de l’antisémitisme. Regardons simplement du côté de Sciences Po Paris, pour comprendre combien l’alliance contre-nature entre le marxisme et l’islamisme a fait de dégâts jusqu’au cœur de la fabrique des élites.

Avoir cautionné les Frères musulmans via tant de représentations institutionnelles constitue non seulement une atteinte aux valeurs de l’universalisme, mais aussi à la dignité des Musulmans d’Occident que l’on a finalement assignés, à tort, à des victimes, comme si l’apport des Lumières et de la laïcité ne leur était pas accessibles.

Comme je le racontais dans un livre paru il y a quelques années, ce postulat anti-intégrationniste, foncièrement relativiste, constitue en réalité le vrai racisme caché par la rhétorique victimiste des pseudos antiracistes, qui défendent les islamistes sous couvert de multiculturalisme.

Il est urgent de réagir et d’agir !

Il ne faut pas se tromper : si l’on assiste actuellement à une montée en puissance du radicalisme chez les jeunes musulmans « réislamisés » par des imams aux ordres de la Turquie et du Qatar, leurs parents ont souvent quitté leurs pays d’origine en quête d’un monde de liberté. Assistant, impuissants, à la récupération de leurs enfants, ceux qui, parmi eux, ont dénoncé cette réalité, ont été systématiquement ostracisés, suspectés d’islamophobie ou affiliés à l’extrême droite.

J’en sais quelque chose, puisqu’étant d’origine iranienne et comptant de nombreux Musulmans dans ma famille, j’ai fait partie de ceux qui ont alerté.

Il est donc largement temps d’entendre la vérité et d’éviter de tomber dans le piège d’une confrontation à venir, souhaitée par les islamistes. Car nous y allons tout droit, les pourvoyeurs de fonds de l’islam radical précédemment nommés entendant profiter de la faiblesse des démocraties pour leur imposer leur projet de républiques islamiques, voire de califat.

La réaction devra donc être à la hauteur. Dans le cas contraire, nos démocraties seront hélas et pour longtemps affaiblies.