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Frères musulmans : les artisans de la ‘‘conscience malheureuse’’ des Musulmans vivant en Occident

10 septembre 2022 Expertises   26604  

Hamid Zanaz

Un bon Musulman se sent aujourd’hui coupable de ne pas avoir réussi à instaurer l’État islamique, que ce soit par la persuasion ou la force. Cet idéal, ce but ultime s’appuient sur sa fierté de Musulman. Il est fier de ce qu’il est, non de ce qu’il fait. Au lieu d’être ce qu’il va devenir, il veut être ce qu’il a été. Il résulte de ce blocage une attitude dichotomique et, s’il accepte la modernité technique, il rejette sa métaphysique. Ainsi, il vit un développement sans progrès car il reste collé au sacré : l’interdit, le halal, le paradis, l’enfer, les supplices de la tombe… Chez lui, la pureté et la peur l’emportent sur le processus de liberté. Mais, comme il se sent coupable de ne pas faire avancer la cause de l’Islam qui est de propager la loi d’Allah partout dans le monde, il est en perpétuel conflit intérieur.

Cette culpabilité intrinsèque ronge le Musulman vivant en Occident qui souffre d’un manque-à-être flagrant, dans un monde pas encore complètement islamisé, qui fait de lui une conscience malheureuse ! Vivant dans le cadre d’une culture ouverte et d’une société sécularisée, en même temps qu’il plonge dans une culture islamique archaïque et fermée, il souffre d’une instabilité tragique. C’est cette citoyenneté ambiguë qui le rend inassimilable.

En général, la pratique religieuse n’a rien à voir avec une quelconque spiritualité ; elle est le résultat de la pression communautaire, une espèce de défouloir dérivatif. Le communautarisme islamique isolationniste est un hypermarché du prêt-à-ne pas penser. C’est la raison pour laquelle il est très difficile de rencontrer aujourd’hui un croyant musulman épanoui, car il est écrasé sous le poids d’un Léviathan : le fikh, le droit canon musulman, son seul GPS dans la vie.

La foi en l’Islam ne s’accompagne d’aucune paix intérieure. Le Musulman est un combattant qui se doit de pourfendre le mal, c’est-à-dire tout ce qui est contraire à l’esprit de sa religion. Il est en guerre permanente contre le monde non-islamique. Son but ultime dans la vie : voir l’Islam triompher, imposer sa loi partout, gouverner l’humanité !

C’est ce que résume le fondateur de la Confrérie des Frères musulmans Hassan Al-Banna en s’adressant aux jeunes musulmans : « Allah vous a assigné le plus haut rang dans ce monde, la place de maîtres de l’Univers, ou encore celle, gracieuse, dont jouit le professeur au milieu de ses élèves : ‘’vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes : vous ordonnez le bien et interdisez le blâmable et vous croyez en Dieu’’ (Sourate la famille d’Imran, verset 110). La première chose à laquelle Dieu vous appelle est d’avoir confiance en vous, d’être convaincus de votre place de maîtres de ce bas monde ». Or, cette place inaccessible laisse inconsolable le Musulman, qu’il soit intégriste ou non. Pour lui, la législation occidentale est un blasphème car elle vise à se substituer à la loi d’Allah, la charia. C’est le résultat logique de son conditionnement mental au sein de sa famille dès son plus jeune âge.

L’intégrisme activiste (djihadisme) ne fait que récolter les fruits de cette socialisation islamique culpabilisante, qui lui fournit des êtres préparés à obéir aveuglement aux préceptes d’un islam en colère, toujours sur la défensive. Quand l’élève est prêt, dit-on chez les islamistes, le maître arrive et n’a qu’à lui montrer le chemin du paradis ! Les djihadistes exploitent sournoisement ce que familles, mosquées, collèges et lycées islamiques, TV satellitaires coraniques et centres cultuels (dits culturels) islamiques ont semé dans l’esprit du jeune Musulman vivant en Occident.

La rapide évolution de la société complique davantage la vie du Musulman obsédé par la licéité de toute chose. Pour être de son temps sans jeter aux orties son identité religieuse, sa réflexion se limite à trouver des réponses aux questions posées par la nouveauté : l’Islam prohibe-t-il ceci, tolère-t-il cela, désapprouve-t-il ou recommande-t-il telle ou telle chose, telle ou telle innovation, telle ou telle mode…? Une vie colonisée, alourdie par le mythe de son passé supposément glorieux. C’est pourquoi les adeptes de l’Islam se définissent comme ‘‘Musulmans en Europe’’  et non comme ‘‘Musulmans d’Europe’’.