Les drones, petits engins volants télécommandés à distance, ont fait leur apparition dans le monde du renseignement et de la lutte antiterroriste, le 7 septembre 2000. Un an, presque jour pour jour, avant le tournant tragique des attaques du 11 septembre 2001, un drone de type Predators a survolé une ferme où séjournerait le leader d’al-Qaida, Oussama Ben Laden, au sud de Kandahar, dans le cadre d’une mission de reconnaissance qui porta le nom de code d’« Afghan Eyes ».
Le monde traverse une période trouble. Une de ces zones grises de l’Histoire, qu’Antonio Gramsci avait décrites, avec la clairvoyance qu’on lui connaît, comme étant ces moments de clair-obscur d’où surgissent les monstres, lorsqu’un vieux monde se meurt et le nouveau tarde à naître. Et l’un des symptômes les plus épouvantables de cette gestation est le pervertissement des valeurs humanistes, au profit de discours haineux qui refont surface, sous des habits neufs qui n’enlèvent rien à leur nature abjecte : racisme, antisémitisme, xénophobie, extrémismes ethniques et religieux.