Après six ans d’absence et dix-sept ans de sobriété (feinte ou réelle ?), le grand maître finlandais de la comédie loufoque, Aki Kaurismäki, revient sur les pas de sa célèbre ‘‘trilogie des perdants’’ (‘‘Au loin s’en vont les nuages’’ – 1996, ‘‘L’homme sans passé’’ – 2002, ‘‘Les lumières du faubourg’’ – 2006). Présenté en compétition officielle, son nouveau film ‘‘Les feuilles mortes’’ a décroché le Prix du Jury et ébloui la Croisette par son esthétique décalée et minimaliste.
Par Atmane Tazaghart et Nicolas CheneDans cette fresque poignante et mélancolique, Kaurismäki dépeint – avec le talent et l’humour pince-sans-rire qu’on lui connaît – le destin brisé de deux marginaux qui tentent désespérément d’esquisser une histoire d’amour où le burlesque le dispute au tragique.
En 2017, après son magistral ‘‘De l’autre coté de l’espoir’’ (Ours d’Argent à la Berlinale) – censé représenter le deuxième volet d’une trilogie sur les migrants, il annonce subitement sa retraite cinématographique, en raison de problèmes de santé liés à son penchant notoire pour la vodka.
Cinq ans plus tard, au grand bonheur des amateurs du 7ème art, cette hypothétique retraite est interrompue, en 2022, non pas pour parachever la ‘‘trilogie des migrants’’, comme on pouvait s’y attendre, mais pour compléter une trilogie plus ancienne, celle du prolétariat : ainsi, ‘‘Les Feuilles mortes’’ se veut le prolongement d’‘‘Ombres au paradis’’ (1986) et de ‘‘La fille aux allumettes’’ (1990).