La proposition faite au Maroc par l’ex-Administration Trump d’y implanter une base relais d’Africom (le commandement des forces américaines en Afrique) a irrité au plus haut niveau les autorités algériennes.
Cette décision, qui faisait partie des « mesures d’incitation » prises par l’Administration Trump, en contre-partie de la normalisation par le Maroc de ses relations avec Israël, a poussé Alger à menacer de suspendre toute coopération avec les Etats-Unis, notamment sur les dossiers sécuritaires brûlants au Sahel et en Libye.
Conscient de la gravité de l’enjeu, Trump a dépêché à Alger, une semaine avant son départ de la Maison Blanche, deux émissaires de poids : le secrétaire d’Etat adjoint chargé du Moyen Orient, David Schenker, et la secrétaire de l’armée de l’air (dont dépend Africom), Barbara Barrett.
Mais les autorités algériennes ont opposé une fin de non-recevoir aux tentatives de conciliation des émissaires américains, préférant « attendre l’installation de l’Administration Biden, pour reprendre le dialogue avec les Etats Unis dans de meilleures dispositions ».
Selon nos sources, la nouvelle équipe installée au Pentagone, depuis l’arrivée aux commandes du nouveau ministre de la défense Lloyd Austin, est très soucieuse d’apaiser le « différend traditionnel » entre l’Algérie et le Maroc, qui s’est considérablement envenimé depuis la décision de l’Administration Trump de reconnaitre la « marocanité du Sahara occidental », en contre-partie de la normalisation des relations avec Israël.
Sans revenir sur cette décision, la nouvelle équipe du Pentagone s’attelle à calmer la colère d’Alger, en usant à la fois de la carotte et du bâton : d’une part, des avions de reconnaissance ultra-modernes de type AWACS sont proposés à l’armée algérienne, notamment pour renforcer ses capacités en matière de lutte antiterroriste. Par ailleurs, des notes confidentielles du renseignement américain sont échangées avec Alger. Celles-ci font état de projets terroristes alarmants élaborés par des groupes djihadistes au Sahel, pour tenter d’étendre leurs zones d’activité plus au nord, en profitant de la dégradation des relations algéro-marocaines et l’arrêt de la coopération sécuritaire entre Alger et Rabat.