Après tout ce que le Pakistan a fait pour les Talibans pendant les deux décennies où ils ont combattu la République afghane soutenue par les États-Unis, Islamabad s’attendait légitimement à ce que, cette fois-ci, les Talibans fassent preuve d’une plus grande gratitude et acceptent la liste de souhaits du Pakistan sur toute une série de questions.
Or, depuis que les Talibans ont rétabli leur émirat à Kaboul, il n’y a pas une seule question sur la liste de souhaits du Pakistan qui ait été cochée par les talibans : accepter la ligne Durand comme frontière ? Non ; Expulser les insurgés baloutches ? Non ; démanteler, dégrader et détruire le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) ? Non ; tenir l’Inde à l’écart ? Non ; un gouvernement inclusif ? Non ; Permettre l’éducation des filles et donner des droits aux femmes ? Non !
L’éducation des enfants, en particulier des filles, est un sujet auquel de nombreux pays en développement accordent une attention particulière. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’obligation de droit international prévue par l’article 28 de la Convention relative aux droits de l’enfant de 1989 (CDE), qui demande aux États parties de « rendre l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ».
Monsieur le Président,
N’abandonnons pas, une fois de plus, l’Afghanistan !
À la fin du mois de novembre 1998, trois ans avant son voyage en Europe, le Commandant Massoud, retranché au nord de l’Afghanistan, assailli de toutes parts par les Talibans soutenus par le Pakistan, m’écrivait un long texte.
Cinq pages dans lesquelles il expliquait la situation dramatique de son pays, le joug que subissaient les femmes, le danger que représentent les Talibans pour le monde entier, la menace d’al-Qaïda, l’urgence de l’aider. Il dénonçait aussi le rôle du Pakistan dans cette guerre. Autant d’accusations et d’avertissements répétés, presque mot à mot, en avril 2001 devant le Parlement européen.
Le monde entier a été frappé de stupeur, face aux images accablantes des civiles afghans s’agrippant, par dizaines, aux carlingues des avions militaires américains, qui s’apprêtaient à décoller de l’aéroport de Kaboul, les abandonnant à leur triste sort sous la coupe des Talibans revenus au pouvoir, vingt ans après y avoir été chassés, au lendemain des attaques du 11 septembre 2001.
Une détresse tragique et insoutenable qui ne laisse personne indifférent. Personne ou presque. Car, pendant ce temps, dans les milieux islamistes prétendument modérés, qui prônent un « islam politique » dit de « juste milieu », supposé être à l’exact opposé de la doctrine obscurantiste et moyenâgeuse des Talibans, d’aucuns se félicitent, avec une obscène délectation, d’une « victoire grandiose » relevant de la « volonté divine » !