Avocat, essayiste, chroniqueur au Figaro et sur la chaîne CNews, fondateur et président d’Avocats sans Frontières, Gilles-William Goldnadel a pris la plume dès le lendemain du 7 octobre pour écrire un ‘‘Journal de guerre’’ (Fayard) marqué notamment par l’analyse et le rejet de l’islamo-gauchisme médiatique. Selon lui, l’antisémitisme à ‘‘changé de trottoir’’, passant de l’extrême droite à l’extrême gauche. Explications.
Par Ian Hamel– À ceux qui déclarent qu’il serait naïf d’imaginer que le RN agit sans arrière-pensées, en matière de lutte contre l’antisémitisme, vous répondez dans votre livre “Journal de guerre. C’est l’Occident qu’on assassine’’ : « Je me fous de Jean-Marie Le Pen (…) Je me fous de l’antisémitisme de papa. Je combats, celui, islamiste, d’aujourd’hui ». Ne craignez-vous pas que l’on vous reproche un jour votre imprudence ?
– Gilles-William Goldnadel : Lisez la suite : “La première diversion consiste, dans le bonneteau politique, à montrer l’antisémitisme de papa pour cacher son enfant islamiste issu de l’immigration massive. Celle qui le combat aujourd’hui le plus fermement sans pour autant attaquer les Musulmans, comme le prétend Macron mensongèrement, s’appelle Marine Le Pen, fille de celui dont je me fous’’. Je le dis très clairement : Marine Le Pen et Jordan Bardella n’ont plus rien à voir avec le Front national de Jean-Marie Le Pen.
– Quand avez-vous perçu que l’antisémitisme a ‘‘changé de trottoir’’, pour passer de l’extrême droite à l’extrême gauche’’ ?
– Avant-guerre, l’antisémitisme était de droite, d’extrême droite. À partir des années 70, il est passé progressivement à gauche, surtout à l’extrême gauche. Plus tard, élu membre du comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), j’ai été le premier à le dire. À la différence de certains membres de la communauté vivant dans la capitale, je suis né en Normandie, j’étais même le seul Juif dans mon école. Je ne suis pas un Juif “imaginaire’’, toujours fasciné par l’extrême droite fasciste d’un passé fantasmé. En revanche, j’ai compris très tôt que l’immigration massive était un péril mortel pour les Français en général et pour la communauté juive en particulier. L’antisémitisme n’est que la partie émergée de l’iceberg du racisme anti-Blancs.
– L’antisémitisme d’obédience gauchiste s’est développé au début des années 90 quand les trotskistes britanniques ont remplacé la classe ouvrière, qui décidément ne les suivait plus, par les Musulmans. Les trotskistes français ont suivi, mais beaucoup plus tard. Pouviez-vous concevoir, avant le 7 octobre 2023, que cet antisémitisme allait prendre de telles proportions ?
– Honnêtement, je n’imaginais pas, même dans mes pires cauchemars, que l’antisémitisme pouvait atteindre un tel niveau ! Bien évidemment, je me doutais que Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise allaient crier le plus fort possible avec la rue arabe. Pour l’extrême gauche, dorénavant, les Juifs ne sont même plus une minorité. Ils n’ont même plus le droit d’être des victimes, seulement des bourreaux. Pour eux, le Juif n’est pas seulement détesté comme Juif, il l’est également comme Blanc, comme super-Blanc. Au nom de ce racisme anti-Blanc, pour les terroristes à Gaza comme pour les islamo-gauchistes de Paris, le Juif ne peut faire partie que du camp des oppresseurs. Même quand il s’agit de femmes israéliennes violées. Les islamo-gauchistes ont remplacé le Juif sur la croix par le Palestinien.
– Dès les premières pages de votre livre, vous mettez en cause Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, rappelant qu’en 1972, sous le pseudonyme de Joseph Krasny, il avait « publiquement joui du massacre des athlètes israéliens à Munich » dans ‘‘Rouge’’, l’organe de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
– Je considère que Plenel est le prototype le plus parfait et dangereux du philosémite d’extrême gauche déçu. Plenel adore le Juif, mais seulement en pantalon rayé et qui va être gazé. Il adore le Juif qui ne se défend pas. En revanche, le Juif en uniforme kaki, qui s’engage dans Tsahal, l’armée israélienne, qui se bat et qui tue, pour lui, c’est Judas… Le plus grave, c’est la “plénélisation’’ des esprits dans le monde journalistique.
– Vous reconnaissez, dans votre livre, que vous n’avez pas “la charité chrétienne’’…
– Les services israéliens ont éliminé un à un les responsables de l’attentat contre leurs athlètes à Munich. Cette vengeance me paraît très juste et très humaine. Celui qui donne sa pitié au méchant fait tort au juste, dit une maxime talmudique. C’est vrai, je n’ai pas la charité chrétienne. Pourquoi devrais-je me gêner d’écrire que la presse d’extrême gauche n’a plus les moyens intellectuels et moraux de la ramener ? Ou que le Juif est plus chez lui en Judée qu’un Algérien clandestin à Saint-Denis ?
– Vous n’êtes guère plus tendre avec Jean-Luc Mélenchon en particulier et l’extrême gauche en général. Vous écrivez : « Non seulement la vie des Juifs ne compte pas, mais leur mort les fait bander » …
– Jean-Luc Mélenchon n’espère plus arriver au pouvoir par les urnes. Il n’est plus électoraliste. Il veut le bordel. Il vise carrément le Grand Soir. Je ne sous-estime absolument pas le danger. Si Jean-Luc Mélenchon arrivait au pouvoir, mon espérance de vie en France deviendrait très limitée. Comme l’a écrit Michel Onfray, « l’islamo-gauchisme est un fascisme ». Il faut avoir l’intelligence et le courage politique de dire à la rue arabe de 2023 qu’elle ressemble aux foules hitlériennes de 1933. Qu’il n’y a pas vraiment de différence entre Doriot et Panot.
– La critique d’Israël est bien évidemment concevable. Vous-même reconnaissez que ce pays n’est pas exempt de défauts. Mais comment expliquer cette détestation pathologique de la part des Insoumis, qui ont mené toute la campagne des élections européennes sur ce thème ?
– Les Insoumis détestent Israël car pour eux ce pays incarne l’Occident. Je l’écris sur la couverture de mon livre : ‘‘C’est l’Occident qu’on assassine’’. Il s’agit d’une guerre de civilisation. Les Insoumis, comme Amnesty International, veulent mettre fin à la suprématie blanche en Occident. Jean-Luc Mélenchon n’a pas hésité à mettre sur sa liste des Insoumis l’activiste pro-Palestine Rima Hassan. Même si cette dernière a été élevée à Niort, en France, et non dans un camp de réfugiés. Les parents de Rima Hassan ne sont pas non plus des réfugiés. Ce ne sont que ses arrière-grands-parents qui le seraient ! Mais pour Jean-Luc Mélenchon, cela n’a pas d’importance, ce n’est qu’un détail. Pourquoi se préoccuperait-il de la vérité ?