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Le président américain, Donald Trump, ne cesse de répéter qu’il peut faire face à l’Iran sans avoir recours à la guerre. Cela dit, il serait intéressant de l’entendre spécifier ce qu’il ferait si le régime iranien se procurait suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer sa bombe nucléaire ou s’il prenait d’autres initiatives qui lui ferait franchir la ligne rouge fixée par les Etats-Unis.

 

USA – Iran : la guerre ?

8 juillet 2019 Expertises   3256  

Christian Malard

Le président américain, Donald Trump, ne cesse de répéter qu’il peut faire face à l’Iran sans avoir recours à la guerre. Cela dit, il serait intéressant de l’entendre spécifier ce qu’il ferait si le régime iranien se procurait suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer sa bombe nucléaire ou s’il prenait d’autres initiatives qui lui ferait franchir la ligne rouge fixée par les Etats-Unis.

Les officiels américains reconnaissent que si le président iranien, Hassan Rouhani, s’en tient à l’annonce de son intention de ne plus limiter la production de combustibles nucléaires, l’Iran pourrait très vite se doter de l’arme nucléaire.

Aujourd’hui, les alliés des Etats-Unis encouragent Donald Trump à clarifier au plus vite ses objectifs stratégiques afin de preciser si la confrontation avec l’Iran vise-t-elle :

– à mettre fin aux ambitions nucléaires du régime des Ayatollahs ?

– à arrêter son soutien aux groupes terroristes que sont le Hamas, le Djihad islamique, le Hezbollah et Houthis ?

– à créer les conditions idéales pour que le peuple iranien renverse la mollahcratie au pouvoir depuis plus de 40 ans ?

Donald Trump voulait à tout prix sortir à 100% de cet accord sur le nucléaire signé sous l’Administration Obama, sans avoir pensé, un seul instant, aux conséquences prévisibles quand il l’a rejeté en mai 2018. 

En fait, en déchirant cet accord, Donald Trump a ouvert la boite de pandore. Il est confronté, à présent, aux conséquences de sa décision. Quand il déclare qu’il ne veut pas la guerre avec l’Iran, il veut surtout démontrer que, quoi que puisse recommander son conseiller le plus anti-iranien, John Bolton, patron du conseil de la sécurité nationale à la maison blanche, il ne penche pas forcément en faveur d’un conflit armé.

Mais, si l’Iran était très proche de la fabrication de la bombe nucléaire, lui et le premier ministre israelien Benyamin Netanyahu pourraient, à tout moment, passer à l’action.

Je suis tenté de dire que Donald Trump est un habitué de ce type de situation. En 2017, il avait traité le président nord coréen, Kim Jung Hun, de tous les noms et l’a menacé d’un déluge de feu quand ce dernier a procédé à des tirs de missiles et à des essais nucléaires.

Depuis, les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises. Pourtant, il n’y a eu aucune avancée sur la dénucléarisation de la Corée du nord et Kim Jung Hun poursuit son programme nucléaire selon l’aveu même des services de renseignement américains.

À n’en pas douter, cela n’a pas échappé aux Iraniens qui collaborent avec les nord Coréens sur le nucléaire. Aujourd’hui ils doivent, sans doute, se moquer des tweets guerriers de Trump, en imaginant que ni lui, ni les militaires américains, n’envisageraient sérieusement une intervention militaire contre la republique islamique.

Les Iraniens ne peuvent pas prendre Trump au sérieux quand il nie vouloir un changement de Régime. Il n’est pas plus crédible lorsqu’il déclare que « la République islamique a une chance d’être un grand pays avec le même pouvoir en place ». 

Donald Trump tient souvent des discours de politique étrangère truffés de messages contradictoires, allant de la menace à la diplomatie. C’est une méthode qui laisse ses alliés et ses adversaires au milieu du gué, dans un monde qui a plus que jamais besoin de certitudes.

Parier sur une telle stratégie face à l’Iran, c’est bien mal connaître le Régime des Ayatollahs, qui préfèrera laisser sa populaion subir les affres des sanctions, plutôt que de donner l’impression de fléchir ou de plier face aux menaces américaines. 

Il y va de la survie du Régime, car plier face l’adversité extérieure serait un signe de faiblesse qui accentuerait les pressions internes de l’opposition et de la jeunesse et encouragerait les adversaires du régime à vouloir en découdre. Ce qui mettrait les mollahs face un nouveau soulèvement populaire dont ils ne se relèveraient pas.  

* Expert en politique internationale et consultant diplomatique.