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Pourquoi la confédération helvétique est devenue « la Mecque » des Frères musulmans

17 juillet 2019 Investigations   21016  

La suisse est, sans équivoque, l’épicentre de la mouvance frères-musulmane en Europe. Terre d’accueil de plusieurs vagues de réfugiés appartenant à la Confrérie, depuis les années 1950, elle s’est imposée comme « la Mecque » des Frères musulmans européens. Grâce, notamment, à la discrétion de ses banques…

Par Atmane Tazaghart

Les réseaux helvétiques des Frères musulmans sont organisés en quatre pôles distincts, qui s’étendent sur cinq cantons : Genève, Neuchâtel, Vaud, Tessin et Zurich. Chacun de ces pôles est chapeauté par une ou deux familles Frèristes : les Ramadan à Genève, les Kermous à Neuchâtel et Vaud, les Nada et les Himmat dans le Tessin et à Zurich. 

L’inter-connectivité entre ces pôles ne passe pas seulement par l’Internationale secrète de la Confrérie, le fameux Tanzim al-Dawli, dont l’existence même a longtemps été niée par les Frères musulmans, ou par les réseaux financiers occultes protégés par le sacro-saint secret bancaire suisse. Elle s’illustre, aussi, par la présence du représentant d’une « famille » au sein d’une organisation tenue par une autre. 

Ainsi, Hani Ramadan, basé à Genève, se retrouve, par exemple, au conseil d’administration de la Fondation Wakef-Suisse (FWS), tenue par les Kermous à Prilly, dans le canton de Vaud. Et Mohamed Kermous, basé à Neuchâtel, figure parmi les administrateurs de la Communauté Islamique du Canton du Tessin (CICT), tenue par les Himmat à Lugano. 

La dynastie Ramadan 

Dans la galaxie frères-musulmane, Genève est devenue une chasse gardée de la dynastie Ramadan. Même le tout puissant « guide spirituel » de la Confrérie, l’égyptien naturalisé qatari, Youssef al-Qaradawi, à dû fermer, en mars 2010, l’antenne helvétique de l’International Islamic Charitable Organization, qu’il avait implantée à Genève dès 1987. 

Le règne sans partage de la famille Ramadan sur les réseaux genevois des Frères musulmans s’explique par l’aura et le prestige dûs au fait que ses membres sont les descendants du fondateur de la Confrérie. 

La famille est, en effet, l’héritière de Saïd Ramadan, ancien secrétaire personnel du fondateur des Frères musulmans, Hassan al-Banna, dont il a épousé la fille ainée Wafa. Installé à Genève, dès 1959,  Saïd Ramadan y fonde un Centre Islamique. Il contribue aussi à l’implantation des Frères musulmans en Allemagne, notamment à Munich.  

À sa mort, en 1995, son fils aîné Hani prend sa relève à la tête du Centre Islamique de Genève (CIG). Et en 2001, une fondation portant le nom de Saïd Ramadan est créée. Elle est aussi dirigée par Hani. Tout comme le CIG, le conseil d’administration de la Fondation Saïd Ramadan est composé exclusivement des membres de la famille : sa veuve Wafa, ses fils Hani, Aymen, Yasser, Billal, Tariq et son unique fille Arwa.

Récemment, la réputation et l’aura des Ramadan ont été entachées par les scandales sexuels de Tariq Ramadan, accusé de viols par plusieurs plaignantes en France et en Suisse. Mais, le nouveau patriarche du clan, Hani Ramadan, n’est pas en reste. En 2003, il a été licencié de son poste d’enseignant par le canton de Genève, en raison de prises de position jugées  discriminatoires, notamment des écrits controversés dans lesquels il faisait l’apologie de la lapidation et considérait le sida comme une « punition divine » ! En 2016, les autorités françaises l’ont interdit d’entrée sur le territoire français. 

N’ayant pas respecté cette mesure d’interdiction, il est interpelé et expulsé, en avril 2017. Et en juin 2018, ses avoirs en France ont étaient gelés pour des soupçons de « financement du terrorisme ».

L’insatiable activisme
des époux Kermous :

Dans les cantons de Neuchâtel et Vaud, couple Mohamed Karmous et sa femme Nadia ont créé  successivement pas moins d’une dizaine d’associations Islamiques. Autant de tentacules qui servent de paravant à leur activisme frères-musulman, mais aussi à leur lobbying pro qatari. 

Ils dirigent notamment la Ligue des Musulmans de Suisse (LMS), affilée à la Fédération des Organisations islamiques en Europe (FOIE), le Centre Socioculturel des musulmans de Lausanne (CSML), la Fondation Euro-Suisse Mithak (FESM), l’Union Islamique des Enseignants (UIE), l’Association Culturelle des Femmes Musulmanes de Suisse (ACFMS).

En 2016, le couple s’est lancé dans un projet pharaonique visant à créer un « musée sans collection » dédié aux « civilisations de l’Islam ». Un édifice faramineux et disproportionné pour la petite localité la Chaux-de-Fonds, qui compte moins de 40.000 habitants, financé à  plus d’un million de francs suisse (900.000 euros), par la fondation Qatar Charity (voir l’encadré ci-dessous) !

L’enclave Frèriste du Tessin ! 

Le canton suisse du Tessin est connu pour sa célèbre enclave de Campione, petite localité de 2,6 km², sous souveraineté italienne, en plein territoire Suisse. L’arrivée sur place, à la fin des années 1960, de deux figures emblématiques du Tanzim al-Dawli, Youssef Nada et Ali Ghaleb Himmat, y a implanté une enclave moins visible mais bien plus vaste, dédiée aux  finances occultes des Frères musulmans. 

Les activités discrètes des clans Nada et Himmat n’ont commencé à attirer l’attention qu’après les attaques du 11 septembre 2001. Notamment, suite aux enquêtes visant leur banque Al-Taqwa, soupçonnée de financement du terrorisme.  

Ali Ghaleb Himmat, aujourd’hui âgé de 81 ans, est toujours administrateur de la Communauté Islamique du Canton du Tessin (CICT), qu’il a fondé en 1991. Son fils, Youssef Himmat, préside l’organisation frèriste pan-européenne Forum des Organisations Européennes des Jeunes et Etudiants Musulmans (FOEJEM). 

À 88 ans, Youssef  Nada, demeure très discret. Figure emblématique de l’internationale frères-musulmane, dont il fut le financier occulte durant plus d’un demi-siècle, son nom n’apparait officiellement qu’en tant que membre-fondateur de la Fondation de la Communauté Islamique de Zurich (FCIZ). 

Son fils, Nazim Nada, semble avoir hérité de son père la culture du secret et le goût des finances occultes. Il dirige, à Lugano, Lord Energy, une énigmatique société de négoce en gaz et pétrole (voir en page 1, nos révélations sur l’implication de cette société de trading pétrolier dans les scandales de corruption liés au clan Bouteflika en Algérie). Parmi ses  actionnaires, figurent plusieurs jeunes loups appartenant frères-musulmans suisses et italiens !