La classe politique belge se caractérise peut-être davantage que toute autre en Europe par son déni de ce qui se passe actuellement au Proche-Orient. C’est particulièrement vrai depuis le pogrom du 7 octobre, qui semble émouvoir nettement moins que la riposte enclenchée depuis par Israël. Ainsi, ces dernières semaines, les propos affligeants et révoltants se succèdent. En voici un florilège :
Lorsque j’ai découvert, au début de l’été 2019, les témoignages des survivants de la Shoah recueillis par l’ami Jean-Marie Montali, pour les besoins de son livre Nous sommes la voix des morts (Le Cherche-midi, octobre 2020), j’étais en train de lire un texte inédit d’Hannah Arendt, qui venait d’être publié, dans l’excellente collection About & Around, aux éditions Allia.
Les élèves qataris apprennent que les juifs, en « manipulant les marchés économiques et en accumulant d’immenses richesses » ont ruiné l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Il était donc logique que le Führer leur fasse payer cher leur infâme trahison. Ou comment biberonner, de l’enfance à l’adolescence, dans l’antisémitisme.
ll y a quelques temps, j’ai arrêté d’acheter du Nutella. A cause de l’huile de palme, de la déforestation et des orangs-outans, qui sont des primates de la famille des hominidés. Personne ne m’a dit « Tiens, c’est bizarre, t’es pourtant pas un orang-outan ». Je m’inquiète aussi pour les ours polaires, qui sont des mammifères de la famille des ursidés, qui clapotent sur la banquise, et pour les baleines, mammifères marins de l’ordre des cétacés, que les Japonais et les Norvégiens (je crois) harponnent jour et nuit, et pour les éléphants qui sont des mammifères proboscidiens… Personne ne m’a dit : « tiens, c’est bizarre, t’es pourtant pas une baleine. Ni un ours. Ni un éléphant ».