Jamais un document occidental n’a provoqué un tel affolement dans les rangs de l’Internationale frères-musulmane. Les plus enflammés y voient une « déclaration de guerre» et menacent de risposter. Les plus rusés courbent le dos, craignant une interdiction de la Confrérie.
Le 23 août 1973, un muezzin appelle, pour la première fois, à la prière, depuis une mosquée en Bavière : le centre islamique flambant neuf situé à la sortie de Munich, au milieu des bois. A cette époque, l’Allemagne de l’Ouest ne compte que cinq mosquées. Celle de Munich a coûté cinq millions de Marks.
Implantés en Allemagne depuis la fin des années 1950, les Frères musulmans y exercent une emprise quasi-totale sur les lieux de culte et les institutions socio-culturelles islamiques. Et ce travers deux branches de la Confrérie : l’une est arabe, importée outre-Rhin par un trio de leaders du Tanzim al-Dawali (Saïd Ramadan, Ali Ghaleb Himmat et Youssef Nada) ; l’autre est turque, contrôlée par le clan Erbakan, l’une des familles les plus influentes au sein de la mouvance frère-musulmane en Turquie.
La Belgique compte deux pôles principaux liés à la mouvance frères-musulmane, autour desquels gravite un ensemble d’associations locales et d’organisations satellitaires. Mais, la capitale Européenne est aussi convoitée par plusieurs organisations pan-européenne de la Confrérie dont l’activité principale est le lobbying auprès des institutions européennes.
Qui sont les représentants des Frères musulmans en France ? Et quel poids représentent-ils au sein de la nébuleuse islamiste hexagonale ? S’il n’existe pas de chiffres précis sur le nombre des militants et encore moins des sympathisants de la Confrérie, il est incontestable qu’elle connait, depuis une vingtaine d’année, une implantation et une influence grandissantes.
De l’ouvrage Qatar Papers, de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, les lecteurs ont surtout retenu l’importance financière des projets développés par l’émirat gazier en Europe via l’ONG Qatar Charity. Et accessoirement le salaire de 35.000 euros versé chaque mois à Tariq Ramadan par la Qatar Foundation, créée par la cheikha Moza, la mère de Tamim ben Hamad Al Thani, 38 ans, l’émir du Qatar depuis 2013.
La suisse est, sans équivoque, l’épicentre de la mouvance frères-musulmane en Europe. Terre d’accueil de plusieurs vagues de réfugiés appartenant à la Confrérie, depuis les années 1950, elle s’est imposée comme « la Mecque » des Frères musulmans européens. Grâce, notamment, à la discrétion de ses banques…
Depuis l’offensive du Président Trump, menaçant d’inscrire les Frères musulmans sur la liste des entités terroristes, les services secrets turcs et qataris ont multiplié les réunions à Doha, en vue de contrecarrer les conséquences éventuelles de la mise à exécution de ces menaces.
Longtemps la branche islamiste des Frères musulmans a bénéficié de la bienveillance des autorités et des largesses des législations sur l’asile politique dans les pays européens.
Une double aberration a longtemps prévalu à ce propos. Il y a tout d’abord cette contradiction sémantique criante dite de l’« islamisme modéré ». Car, comment peut-on être « modéré », ni même tolèrent, tout en se revendiquant d’une vérité divine imperméable à toute critique ou examen de conscience ?
Un musulman peut-il mettre du vinaigre de vin dans sa salade ? Une musulmane peut-elle monter à bicyclette ? Ou ouvrir au facteur quand son mari n’est pas là ? Le Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche (CEFR), créé en mars 1997 à Dublin par le qatari d’origine égyptienne Youssef al-Qaradhawi relève, du moins en théorie, d’une bonne intention. Il s’agit de fournir de judicieux conseils aux musulmans vivant en Europe afin qu’ils puissent s’intégrer tout en conciliant la loi islamique.