Un an après l’enquête qu’il a dirigée pour notre mensuel Ecran de Veille (Observatoire des enseignants face à l’expression du fait religieux à l’école, octobre 2022), dans laquelle les problématiques liées au port de l’Abaya et du Qamis à l’école ont été sondées pour la première fois, François Kraus, le directeur du pôle Politique / Actualités à l’Ifop, a mené une enquête d’envergure (échantillon national représentatif de 2 145 personnes âgées de 18 ans et plus), réalisée pour nos confrères de Charlie Hebdo, suite à l’interdiction de ces tenues à l’école publique.
Dans cet entretien, il revient sur les principaux enseignements de cette étude composée de deux volets : un sondage réalisé les 30 et 31 août derniers et une recherche documentaire sur le caractère religieux de l’Abaya et du Qamis et la manière dont ces tenues sont présentées aux acheteurs et acheteuses français par les marchands et les marques qui les commercialisent.
La décision du nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, d’interdire le port de l’Abaya (et de son équivalent masculin, le Qamis) à l’école a soulevé une vive polémique. Plusieurs voix se sont élevées, notamment à gauche, pour dénoncer l’instauration d’une‘‘police du vêtement’’ et La France insoumise (LFI) a annoncé son intention d’attaquer cette décision au Conseil d’État. Pourtant, l’interdiction des Abayas et Qamis ne fait guère débat au sein du corps enseignant, comme l’a montré un sondage réalisé par l’IFOP pour notre mensuel Ecran De Veille, en novembre dernier.
Le 11 septembre 2001, la journaliste Carine Azzopardi couvrait les attentats de New York, où elle se trouvait par hasard. Le 13 novembre 2015, son compagnon et père de leurs enfants, le journaliste musical Guillaume Barreau-Decherf, 43 ans, était assassiné au Bataclan. Dans son livre « Ces petits renoncements qui tuent : le cri d’alarme d’un professeur contraint à l’anonymat » (Plon), Carine Azzopardi livre le témoignage – anonyme – d’un professeur de français, confronté au quotidien à l’islamisme vindicatif de certains de ses élèves. Hussard de la République, il refuse cependant de baisser les bras et garde espoir. Merci
Refus de la laïcité, déni des sciences et complotisme… Les professeurs de l’Éducation nationale se retrouvent confrontés à la contestation non seulement du modèle républicain, mais aussi des Lumières, sur fond de baisse générale de niveau des élèves. En sous-effectifs, les enseignants ne se sentent pas soutenus par leur hiérarchie qui leur semble totalement coupée des réalités.
Deux ans après la décapitation de Samuel Paty, notre sondage auprès des enseignants démontre que la peur n’a absolument pas changé de camp. Les atteintes à la laïcité enregistrent une telle recrudescence que plus de la moitié des enseignants s’autocensurent pour éviter de provoquer des ‘‘incidents’’…
C’est une toute petite fiche dans la jungle des recommandations administratives émises en France, à l’occasion du déconfinement, mais elle constitue un énorme pas dans la lutte contre le communautarisme. Ce document de trois pages émis par le ministère de l’éducation nationale, sous l’intitulé de « Coronavirus et risque de replis communautaristes », est d’une clairvoyance inédite, à la fois, sur la complexité du « spectre des idées radicales du communautarisme », sur les « techniques et manières de procéder » des différents « groupes radicaux » porteurs de projets « anti-démocratiques et antirépublicains » et sur les « conduites à tenir » pour contrecarrer les visées « séparatistes » de tels groupes, qu’ils soient « communautaires, autoritaires ou inégalitaires ».