Sur la photo qui illustre son dernier livre, Djemila Benhabib a l’œil étincelant, l’œil du défi. D’ailleurs, il est dans le titre : « Islamophobie, mon œil ! » (Éditions Kennes). Un regard lucide porté sur cette arnaque politique qui interdit de critiquer librement l’Islam. L’essayiste en a elle-même fait les frais, trainée devant les tribunaux au Québec à maintes reprises pour ses interventions courageuses contre l’obscurantisme. Djemila, qui porte le nom d’un site admirable en Algérie, cher à Albert Camus (« Le vent à Djemila ») a grandi dans ce beau pays ensanglanté jusqu’à son exil en France, en 1994, après une condamnation à mort des GIA, les groupes islamiques armés. Elle avait à peine 22 ans. Depuis, elle se bat, menant sa vie « À contre-Coran », titre de l’ouvrage qui lui a valu le plus d’admiration et de haine.
L’été est à nos portes et la sempiternelle question du burkini revient comme un boomerang annuel, à l’instar des rythmes latinos qui devraient accompagner les estivaliers sur la plage. Cependant, si les succès musicaux ne sont jamais prévisibles, les Unes, commentaires, condamnations et autres résurgences sur la légitimité ou l’interdiction de ce ‘‘vêtement de plage’’, prolongement du hijab (voile islamique), seront avec certitude au cœur du débat.
Au moment où les Afghanes sont privées de visage, de travail, d’école, de sortie, vouées par les Talibans à la claustration de la naissance à la mort, Éric Piolle, le maire écolo de Grenoble, s’illustre dans la défense du burkini. Un tchador des piscines qui serait islamo-compatible avec le mode de vie français. L’édile a brandi différents modèles du pieux tissu devant le Conseil d’État qui examinait le 14 juin dernier le recours déposé par la municipalité de Grenoble après la suspension du droit au burkini par le tribunal administratif.
La perversion de la cité, disait Platon, commence par la fraude des mots. Concernant l’islam, on en est arrivé, en France, au massacre des mots. Si cette religion est au cœur des polémiques électorales françaises, ce n’est pas à cause de l’importance de ce que pourraient représenter les voix des musulmans dans les urnes, mais pour d’autres raisons, liées à des problématiques bien plus explosives. Pourquoi l’islam est-il devenu un sujet capital de la campagne électorale en France ? C’est seulement par peur ou par semblant de peur face au ‘‘grand remplacement’’, ou dans le but de le réfuter. Si la droite dans toutes ses couleurs et tendance a trouvé son cheval de Troie dans ce ‘‘grand remplacement’’, le déclassement politique de la gauche est essentiellement dû au déni de cette situation, qui est aujourd’hui au cœur du débat politique en France.
Dans la campagne électorale des législatives, comme lors de la présidentielle, les questions polémiques liées à l’islam (voile, burkini, édification de mosquées…) hystérisent le débat politique. Pis encore, tel un arbre qui cache la forêt, elles éclipsent les véritables problématiques relatives à la lutte contre l’islamisme et le communautarisme…
Quand le peuple pointe les véritables problématiques, les politiciens fixent benoîtement le bout de son doigt accusateur !
Ainsi, lors d’un récent sondage, réalisé durant la campagne de l’élection présidentielle (Ifop pour Global Watch Analysis), 85 % des Français ont émis le souhait de voir le ‘‘futur président’’ s’attaquer de front à la montée de l’islamisme et du communautarisme, en interdisant les organisations islamistes hexagonales liées aux Frères musulmans, au salafisme, aux Milli Görüs turques et autre Tabligh.
Le rapport établi par la sous-commission de la sécurité nationale du Congrès américain, en juillet 2018, est le document officiel occidental le plus important et le plus complet, consacré à la menace mondiale que constituent les Frères musulmans. Il apporte un éclairage sans précédent sur les ramifications secrètes de cette confrérie considérée comme la maison-mère de l’islamisme contemporain, ses tentacules implantés dans plus de 70 pays à travers le monde et son dogme suprématiste qui vise à instaurer une domination islamiste du monde à travers un ‘‘État islamique’’ global.
Les question liées à l’islam sont au cœur de la campagne présidentielle. Aux craintes grandissantes suscitées par la menace terroriste, depuis les attaques djihadistes de 2015, s’est additionnée une large prise de conscience des dangers que peuvent constituer les dérives communautaires et séparatistes.
L’imam Mohamed Toujgani est affilié au Conseil des théologiens de Belgique, organisation très opaque, proche de l’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB). Les autres organisations musulmanes de Belgique reprochent aux membres de cet exécutif d’être cooptés « de manière népotique ». Son bureau est actuellement présidé par l’imam Tahar Toujgani, cousin de Mohamed, également à la tête du Conseil européen des oulémas marocains.
L’imam de la célèbre mosquée al-Khalil de Molenbeek, Mohamed Toujgani est désormais interdit le séjour sur le sol belge, pour une durée de 10 ans. Il se trouvait en vacances au Maroc, lors de l’annonce officielle lui interdisant de refouler le sol belge.
La presse locale a largement relayé le bras de fer qui l’a opposé au secrétaire d’État belge à l’Asile et à la Migration, Sammy Mahdi, qui a initiée la procédure de bannissement de l’imam molenbeekois, suite à un rapport de la Sureté de l’État belge le qualifiant de « un danger pour la sécurité nationale ».