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L’ambassadeur du Qatar à Paris met en garde Tariq Ramadan contre tout déballage sur ses liens passés avec l’émirat gazier

5 octobre 2019 Confidentiel   46691  

Ali Bin Jassen Al Thani, ambassadeur du Qatar à Paris depuis octobre 2018, a très mal pris les menaces proférées par Tariq Ramadan à l’encontre de l’émirat, laissant entendre qu’il pourrait faire des révélations aux médias sur ses liens passés avec l’émirat gazier.

Par Ian Hamel

Dans la dernière édition de notre lettre confidentielle Ecran de Veille (Télécharger le PDF), parue le 20 septembre dernier, nous révélions que Tariq Ramadan avait sollicité l’aide de l’ambassade du Qatar à Paris, dans le cadre de sa campagne visant à se faire réhabiliter face aux nombreuses plaintes pour viol dont il fait l’objet depuis deux ans. Mais, l’ambassadeur a reçu de sa hiérarchie l’instruction de « rester calme » sur l’affaire Ramadan.

Un lâchage qui a irrité le prédicateur suisse, dont l’entourage a menacé de se venger en balançant sur le soutien qatari dont il a longtemps bénéficié. Ainsi, une collaboratrice proche de Ramadan a confié en off à un journaliste français : « nous avons de nombreux rapports qui montrent nos relations avec le gouvernement qatari. Tariq Ramadan a été soutenu par le Qatar et nous pouvons le prouver ».

Selon une source à l’ambassade du Qatar à Paris, Ramadan aurait réitéré ces menaces devant l’ambassadeur lui-même. Et celui-ci l’aurait, à son tour, mis en garde quant aux répercutions qu’un tel déballage pourrait avoir pour lui et sa famille toujours installée à Doha, lui conseillant vivement de « ne plus s’exposer médiatiquement ».

Certes, Ramadan a perdu son poste de directeur du CILE (Centre de Recherche sur la législation Islamique et l’Éthique), qui est allé jusqu’à supprimer la photo du sulfureux prédicateur de son site. En revanche, Doha a choisi depuis son incarcération en février 2018 (et sa libération en novembre 2018), de lui maintenir discrètement la tête hors de l’eau.

Mais le prédicateur, qui doit rémunérer Me Emmanuel Marsigny, son avocat parisien, et ses défenseurs suisses, l’ancien bâtonnier Pierre de Preux et Guerric Canonica, a multiplié les missives adressées à l’ambassade du Qatar pour se plaindre amèrement d’être réduit à la portion congrue. D’autant que depuis plusieurs années, il menait grand train, ne fréquentant que les palaces. Face à la fin de non recevoir que lui a opposée l’ambassadeur, sur instruction de Doha, Ramadan a donc commencé à laisser entendre qu’il pourrait faire des « révélations » sur ses relations avec le pouvoir qatari.

Selon la même source, l’ambassadeur qatari a rappelé à Ramadan que son épouse Iman et ses deux filles sont toujours officiellement domiciliées à Doha et que jusqu’à présent elles n’ont pas trop souffert de sa disgrâce. Maryam Ramadan, sa fille aînée, a même été invitée récemment dans la même rame que l’émir Tamim Ben Hamad Al Thani, lors de l’inauguration du métro de Doha.

Par ailleurs, même si l’information a déjà été révélée, le Qatar pourrait, à titre de représailles, confirmer qu’il a bien financé le poste de Tariq Ramadan au St Anthony’s College, abritant le Middle East Centre, à l’université d’Oxford. Avec un détail assez cocasse : Tariq Ramadan avait obtenu que ce poste lui soit réservé… jusqu’à sa retraite ! Un engagement assez inédit dans le monde universitaire, en Grande-Bretagne comme ailleurs.