L’association du Pakistan avec son programme nucléaire et son adhésion aux normes de sécurité nucléaire a toujours été entachée d’un manque de clarté et entourée de mystère, y compris en ce qui concerne l’acquisition même du savoir-faire nucléaire. Dès le début du processus de création d’une arme nucléaire, le Pakistan a pris conscience qu’il n’était pas en mesure de mettre au point un système d’armes par ses propres moyens. De plus, sa volonté d’acquérir une arme nucléaire comportait un élément d’urgence, car il devait suivre le rythme de l’Inde, qui allait de l’avant avec confiance dans son propre programme autonome. Cette urgence, ce désespoir ont obligé le Pakistan à recourir à des moyens contraires à l’éthique pour acquérir des sous-systèmes pour son programme nucléaire auprès de différentes sources.
Monsieur le Président,
N’abandonnons pas, une fois de plus, l’Afghanistan !
À la fin du mois de novembre 1998, trois ans avant son voyage en Europe, le Commandant Massoud, retranché au nord de l’Afghanistan, assailli de toutes parts par les Talibans soutenus par le Pakistan, m’écrivait un long texte.
Cinq pages dans lesquelles il expliquait la situation dramatique de son pays, le joug que subissaient les femmes, le danger que représentent les Talibans pour le monde entier, la menace d’al-Qaïda, l’urgence de l’aider. Il dénonçait aussi le rôle du Pakistan dans cette guerre. Autant d’accusations et d’avertissements répétés, presque mot à mot, en avril 2001 devant le Parlement européen.
Les terribles images de l’abandon de Kaboul, avec ses grappes d’Afghans désespérés accrochés à la carlingue d’un avion militaire américain prêt à décoller sans eux, n’en finiront pas de nous hanter. Elles confirment, vingt ans après le 11 septembre 2001, qu’aucune leçon ne peut être tirée de l’Histoire, contrairement à ce qui fut seriné sur tous les tons, toutes les antennes, toutes les tribunes. Face à l’islamisme qui, de Nice et Saint-Etienne-du Rouvray à Kunduz et Kandahar, égorge le proche comme le lointain, les rabâcheurs du « Plus jamais ça », sous leurs faux airs de profs d’optimisme, ne sont que des soutiers de la résignation.
Le monde entier a été frappé de stupeur, face aux images accablantes des civiles afghans s’agrippant, par dizaines, aux carlingues des avions militaires américains, qui s’apprêtaient à décoller de l’aéroport de Kaboul, les abandonnant à leur triste sort sous la coupe des Talibans revenus au pouvoir, vingt ans après y avoir été chassés, au lendemain des attaques du 11 septembre 2001.
Une détresse tragique et insoutenable qui ne laisse personne indifférent. Personne ou presque. Car, pendant ce temps, dans les milieux islamistes prétendument modérés, qui prônent un « islam politique » dit de « juste milieu », supposé être à l’exact opposé de la doctrine obscurantiste et moyenâgeuse des Talibans, d’aucuns se félicitent, avec une obscène délectation, d’une « victoire grandiose » relevant de la « volonté divine » !
On ne peut pas comprendre l’Afghanistan si on ne connaît pas son histoire, écrite dans les guerres et rythmée par les invasions depuis Alexandre le Grand, jusqu’aux Soviétiques (20ème siècle), en passant par les Mongols (13 ème ème siècle) et, bien sûr, les Britanniques au 19ème siècle. Chaque occupation a évidemment provoqué une guerre de libération jusqu’au départ des envahisseurs. Et chaque libération du pays a été suivie par une guerre civile. C’est la malédiction afghane. La décision de Joe Biden de retirer les 2.500 derniers soldats Américains avec les 7.700 soldats de l’OTAN et les troupes alliées, peut donc être lourde de conséquences.
Les nouvelles en provenance d’Afghanistan sont très inquiétantes. En moins d’une semaine, les Talibans se sont emparés de la moitié des capitales des provinces afghanes. Ils contrôlent, à présent, l’essentiel des provinces du nord, de l’ouest et du sud du pays. Kaboul, Mazar-e Charif et Jalalabad sont les seules grandes villes afghanes qui échappent, mais pour combien de temps encore, au retour de leur mainmise sur le pays.
A l’issue de plusieurs semaines de grogne populaire, provoquée par une grave dégradation de la situation économique et sanitaire, qui a atteint son apogée le 25 juillet – jour anniversaire de l’instauration de République en Tunisie – avec une journée de protestation appelant au limogeage du gouvernement et à la dissolution du parlement, marquée par le saccage de plusieurs sièges d’Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, notamment dans les villes pauvres du sud du pays ; le président Kaïs Saïed a décidé de porter un « coup d’arrêt » radical à la crise politique et sociale qui secoue la Tunisie.
Le malheur tunisien fait le bonheur colonial du Qatar. C’est en effet sur la toile de fond d’un pays décimé par le Coronavirus -le taux de décès y est le plus élevé d’Afrique- qu’a été voté un projet de loi permettant au « Qatar Fund for development » de gérer les intérêts financiers entre la Tunisie et le Qatar. Un véritable traité qui autorisera Doha à intervenir directement dans l’économie tunisienne, avec des avantages considérables pour les bailleurs de fonds de l’islamisme.
Il faut s’y faire, Israël n’est pas un pays comme les autres. La normalité, but ultime du projet sioniste, est toujours hors d’atteinte, dans le regard porté par le monde sur l’Etat juif ou dans celui qu’il porte sur lui-même. Qui aurait imaginé en effet que la chute de Benyamin Netanyahou serait provoquée par la coalition la plus disparate, la plus originale, la plus invraisemblable de toutes les scènes politiques de la planète ?
Inutile d’aller à l’improviste au restaurant casher de l’hôtel Armani à Dubaï. Il est plus prudent de réserver longtemps à l’avance. Quant à la terrasse, elle est prise d’assaut, afin de pouvoir assister à un spectacle unique mêlant jets d’eau, sons et lumières. Drapé dans sa dishdasha blanche, l’habit traditionnel des hommes du Golfe, notre interlocuteur raconte que dans le salon d’un grand hôtel à Dubaï, il s’est retrouvé récemment le seul Arabe au milieu de dizaines de juifs. « Mais si ça continue, ils vont être plus nombreux que nous ! », lâche-t-il en souriant. En signant en septembre 2020 les accords d’Abraham normalisant les relations émiro-israéliennes, les Émiratis s’attendaient à accueillir une vague de visiteurs venus de Tel Aviv. Mais c’est une déferlante qui s’est abattue sur le Golfe. Quant aux communautés juives occidentales, elles ne disent plus « l’année prochaine à Jérusalem », mais « les prochaines vacances à Dubaï » !