« Les mots ont un sens » : ce rappel émane du Quai d’Orsay à l’annonce des premières conclusions de la Cour internationale de justice de La Haye dans le procès intenté par l’Afrique du Sud à Israël, accusé de génocide contre les Palestiniens à Gaza. Les mots ont un sens et, en l’occurrence, le mot ‘‘génocide’’, forgé au lendemain de la Shoah par le juriste Raphaël Lemkin, rescapé de l’extermination nazie, a été détourné de son sens par le pays accusateur, ami de l’Iran, comme par les juges de La Haye. La Cour, certes, n’a pas encore prononcé d’avis définitif. Mais elle ordonne à l’État hébreu « d’empêcher tout acte de génocide et de prévenir et punir son incitation ». Le Hamas a immédiatement applaudi cette nouvelle en claironnant qu’il fallait « forcer les occupants à exécuter les décisions de la Cour ».
Dans un communiqué daté du 20 décembre 2023, intitulé « Sondages et Musulmans de France : stop aux manipulations », le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) nous attaque, à propos de deux sondages : ‘‘Les Français musulmans et les questions de religion et de laïcité’’ et ‘‘Les Français musulmans face au conflit israélo-palestinien’’, respectivement réalisés pour la revue ‘‘Écran de Veille’’ et la webTV ‘‘Elamaniya.TV’’, deux publications du groupe Global Watch Analysis, par un prestigieux institut de sondage, l’Ifop.
Depuis le lancement, en mai 2019, du site Global Watch Analysis et du mensuel Écran de Veille – qui se définissent comme des médias progressistes, laïcs et humanistes, dédiés à la résistance aux fanatismes – nous avons placé la lutte contre l’antisémitisme au cœur de nos combats. En témoignent des dizaines d’enquêtes, interviews et éditoriaux publiés sous les plumes de Ian Hamel, Martine Gozlan, Jean-Marie Montali et Atmane Tazaghart.
Chapeau bas à l’illustre analyste de la vie politique française, Jean-François Kahn : il y a un an, lors d’une interview qu’il nous a accordée, à l’occasion de notre Hors-Série ‘‘Comment résister à la crétinisation du monde’’, il mettait en garde – avec le brio qu’on lui connaît – contre la ‘‘fascisation des esprits’’. Et l’auteur de ‘‘Comment en est-on arrivé là’’ précisait que le fascisme ne nait pas de la montée de l’extrême droite ou de l’extrême gauche, mais de la jonction de ces deux extrêmes.
Nous y voilà !
Dans le contexte tendu de la recrudescence des actes antisémites et (dans une moindre mesure) antimusulmans depuis les attaques du 7 octobre 2023, Écran de Veille a commandé à l’IFOP un sondage exclusif auprès des Français musulmans à propos du conflit israélo-palestinien et ses éventuelles répercussions en France. Cette enquête, dont nous publions ici les résultats détaillés, apportent trois enseignements principaux : deux bonnes nouvelles et une mauvaise.
La classe politique belge se caractérise peut-être davantage que toute autre en Europe par son déni de ce qui se passe actuellement au Proche-Orient. C’est particulièrement vrai depuis le pogrom du 7 octobre, qui semble émouvoir nettement moins que la riposte enclenchée depuis par Israël. Ainsi, ces dernières semaines, les propos affligeants et révoltants se succèdent. En voici un florilège :
La banque israélienne Hapoalim a évalué à 27 milliards de shekels (6,5 milliards d’euros) le coût de l’opération militaire en cours contre le Hamas. Soit l’équivalent de 1,3 % du PIB d’Israël en 2022. D’autres sources considèrent ce montant sous-estimé : il faudra au moins le double au regard des dégâts causés, de la reconstruction, des indemnisations et aides aux populations les plus fragiles.
Parmi les incendiaires qui attisent le brasier du conflit Israël-Hamas en passe de dévorer le Moyen-Orient et peut-être le monde, Recep Tayyip Erdogan occupe une place majeure. Président d’une grande nation musulmane, membre de l’OTAN, et qui réclame son intégration à l’espace européen, il s’est fendu d’une proclamation fracassante et sinistre. Le 26 octobre dernier, à trois jours du centenaire de la République fondée par Atatürk, Erdogan a déclaré devant le Parlement de son pays : « Le Hamas n’est pas un groupe terroriste, c’est un groupe de libérateurs qui protègent leur terre ! ».
Entourée par des pays de l’Union européenne qui considèrent l’organisation islamiste palestinienne comme terroriste, la Suisse continue à ne pas appliquer de sanctions au Hamas, ni à interdire son territoire à ses dirigeants. Mais depuis les attaques du 7 octobre dernier, le Conseil fédéral (gouvernement) a décidé de se faire violence et à utiliser le mot ‘‘terrorisme’’ pour désigner les Frères musulmans palestiniens. Il a aussi annoncé qu’il allait procéder à « une analyse détaillée des flux financiers » en direction du Proche-Orient, une façon bien suisse de dire que le gouvernement entend contrôler les sources de financement du Hamas.